Les locataires souffrent. La flambée des prix de l’immobilier est en train de se répercuter sur leurs loyers. Tel commerçant est sommé de s’acquitter désormais de 45 000 dollars par an au lieu de 15 000 sous peine de devoir débarrasser le plancher. Tel autre habitant est appelé à débourser 1 000 dollars au lieu de 500 par mois… Les contrats conclus depuis 1992 (ou les accords oraux qui en tiennent lieu pour mieux échapper au fisc) donnent toute liberté aux propriétaires, dès lors qu’ils concèdent un bail de trois ans. À défaut de transparence sur le marché, les prix sont fixés de façon totalement anarchique. L’inadéquation entre l’offre et la demande est flagrante. Une surface quasiment insalubre est mise sur le marché avec une décote insignifiante par rapport au même espace flambant neuf. « C’est ça ou rien ! »
Après avoir été pendant des années victimes d’une grande injustice – le gel des loyers à des niveaux antérieurs à la dévaluation de la livre ; les propriétaires prennent leur revanche. Ils dictent leur loi. Certains haussent d’autant plus les loyers sur des appartements “libérés”, qu’ils continuent d’encaisser des misères de leurs anciens locataires pour des baux conclus avant 1992, transmis de père en fils. Le retour de bâton est brutal.
Les locataires “nouveaux” sont obligés de payer pour les “anciens”. Il est grand temps de mettre de l’ordre sur ce marché de l’immobilier qui relève certes du secteur privé, mais dont les implications sociales sont majeures. Libéraliser les anciens baux, réviser la loi sur les loyers pour protéger un minimum les locataires, instaurer une fiscalité à même d’atténuer la spéculation, introduire des mesures pour suivre la demande… S’il le voulait, l’État aurait du pain sur la planche.