Le Liban fait face à un déficit de plus de 100 millions de mètres cubes (m3) par an, a indiqué le ministre de l’Energie et de l’Eau Gebran Bassil dans le cadre du Forum arabe de l’environnement et du développement.
 
« Sur les 8,5 milliards de mètres cubes de précipitations annuelles, 4,5 milliards s'évaporent, 1,2 milliard s'infiltrent en dehors du territoire libanais et près de 1,5 milliard vont dans la mer. Il ne nous reste donc plus que 1,2 milliard de mètres cubes, dont 650 millions d'eaux superficielles et 550 millions d'eaux souterraines », a-t-il expliqué.
 
Or le Liban utilise près de 650 millions de mètres cubes d'eaux souterraines par an, a poursuivi Bassil, « ce qui signifie que nous puisons dans nos réserves souterraines entre 100 et 150 millions de m3 par an ».
« Si cette situation se poursuit, c’est très grave. Nos réserves vont diminuer si nous ne réagissons pas à temps», a-t-il insisté.
 
Le ministre a expliqué que la majorité de l’eau au Liban, superficielle et  souterraine, sert à l’irrigation de manière naturelle. 
Les particuliers, eux, manquent d’eau car les capacités de stockage ne dépassent pas 245 millions de m3, dont seules 45 millions peuvent être utilisées, tandis que le reste sert à produire de l’électricité. « Nous n’avons pas les capacités nécessaires pour utiliser cette eau pour l’irrigation, pour l’eau potable ou autre chose », a-t-il affirmé.  
Résultat : les citoyens sont obligés d’acheter de l’eau, et cette situation risque d’empirer puisque les besoins globaux du Liban devraient passer de 1,45 milliard de m3 actuellement à 1,8 milliard de m3 en 2015.
 
«Nous sommes sur le point de finaliser une stratégie pour la gestion de l’eau. Nous espérons qu’elle sera prête d’ici à fin 2010 », a-t-il affirmé.
L’un des volets de cette stratégie doit porter sur la rénovation des réseaux de distribution qui datent de plus de 25 ans, a-t-il affirmé. L’état de délabrement des réseaux explique le gaspillage, mais aussi la mauvaise qualité du service fourni. Par conséquent, seuls 47% des citoyens règlent leurs factures, ce qui accentue la mauvaise qualité des services, a-t-il souligné.
 
Le Liban doit aussi faire des efforts au niveau de l’assainissement des eaux usées, a ajouté Bassil, en indiquant que le pays ne recycle que 4% de l’eau utilisée, contre 30% dans le monde arabe.
 
Un monde arabe qui n’est d’ailleurs pas non plus à l’abri des risques de sécheresse.
En effet, la part d’eau par habitant et par an se réduira à 500 m3 pour la région en 2015, contre une moyenne mondiale de 6000 m3, a indiqué le président du comité exécutif du Forum de l’environnement et du développement, Abdel Rahman Awadi.
Selon lui, les prévisions montrent qu’à la fin du XXIème siècle, les précipitations dans le monde arabe baisseront de 25%, alors que l’évaporation augmentera de 25%, ce qui se traduirait par une réduction de 20% des terrains alloués à l’agriculture. Aujourd’hui, déjà, 70% des terres arabes sont arides.