Le ministre de l’Energie et de l’Eau, Gebran Bassil, a présenté lundi les principaux points d’une stratégie nationale pour le secteur de l’eau, qui doit permettre au Liban de passer d’un déficit d’environ 283 millions de mètres cubes par an à un léger excédent d’ici à 2035.

Actuellement, en année sèche, la demande théorique en eau est de l’ordre de 1474 millions de mètres cubes par an alors que l’offre ne dépasse pas 1191 millions.  Au cours des 25 prochaines années, la demande devrait atteindre 1800 millions de mètre cubes.
 
Le plan, qui doit encore être approuvé en Conseil des ministres, vise à porter l’offre annuelle à 1862 millions de mètres cubes, et constituer ainsi des réserves stratégiques d’environ 62 millions de mètres cubes par an.
 
Les investissements nécessaires ont été estimés à plus de 7,7 milliards de dollars d’ici à 2020 et les besoins en fonds de roulement à près de 2 milliards de dollars.
 
Si toutes les mesures proposées sont mises en œuvre, les revenus annuels du secteur devraient augmenter de 110 millions de dollars à 520 millions de dollars en 2020, ce qui permettrait de couvrir les besoins en fonds de roulement à partir de 2014 et d’amortir les dépenses d’investissements à partir de 2020.
 
Selon Bassil, environ 1,6 milliard de dollars d’investissements ont déjà été engagés, mais le reste doit être financé par l’Etat, les fonds internationaux, et le secteur privé. Ce dernier est surtout appelé à s’impliquer au niveau du traitement des eaux usées.
 
Dans le détail, la stratégie comprend deux volets principaux : infrastructure et  gestion du secteur de l’eau.
 
Pour ce qui est des infrastructures, la stratégie prévoit d’abord de développer la production, notamment en construisant des barrages qui permettraient de générer 670 millions de mètres cube d’eau supplémentaire par an.
 
Les réseaux de distribution, dont la moitié a plus de 25 ans, doivent également être réhabilités pour réduire le taux de gaspillage qui s’élève actuellement à 49% contre une moyenne mondiale de 37%.
 
Enfin, le plan prévoit de créer des usines de traitement des eaux usées. Le réseau d’égouts couvre 60% de la population, mais moins de 6% des eaux usées sont traitées. L’objectif est d’atteindre un taux de traitement de 30% en 2012, 80% en 2015 et 95% en 2022.
 
Concernant la gestion du secteur, des réformes doivent être menées aux niveaux  institutionnel, règlementaire, financier et commercial.
 
Au niveau institutionnel, le ministre a souligné l’importance d’augmenter les ressources humaines dans le secteur. Selon les normes mondiales, le secteur devrait compter entre 2,5 et 3 employés pour 1000 usagers. Les offices des eaux et le ministère devraient ainsi avoir 4050 employés, contre 1342 aujourd’hui.
 
Le secteur souffre également de l’absence d’un cadre législatif et réglementaire adéquat.  Un projet de loi sur le secteur de l’eau est en cours d’élaboration, a indiqué le ministre.
 
Au niveau commercial et financier, le plan prévoit une révision de la structure des tarifs de l’eau.
 
« Le Liban est l’un des rares pays au monde à pratiquer encore un tarif forfaitaire sur l’eau, a souligné Bassil. A 600 livres le mètre cube, le prix de l’eau est relativement bas. Je suis sûr que les Libanais seraient disposé à payer un peu plus pour avoir un service de bonne qualité, et ne pas être obligé d’acheter des citernes d’eau ».
 
Le plan prévoit d’installer un million de compteurs d’eau, avec pour objectif une tarification volumétrique pour 25% des usagers en 2012 et 75% en 2015.
Le taux de collecte des facture d'eau doit également être relevé de 47% actuellement à 60% en 2012 et 80% en 2015.  
 
Le tarif de l'eau pour l'irrigation devrait aussi être revu à la hausse à partir de 2015 tandis qu'un nouveau tarif devrait être instauré pour le traitement des eaux usées à partir de 2011.