Dans une note d’analyse destinée aux investisseurs à la suite de la dissolution du gouvernement libanais, Barclays Capital dit ne pas avoir d’inquiétude majeure à court terme, mais souligne que les risques économiques et financiers pourraient augmenter en cas d’aggravation de l’impasse.
Barclays juge peu probable un scénario de confrontation violente comparable à celui de mai 2008, mais n’exclut pas des manifestations populaires destinées à accroître la pression sur la coalition du 14 mars pour faire barrage au Tribunal Spécial pour le Liban. « De récents appels syndicaux à des augmentations de salaires suggèrent de possibles manifestations de rue. »
Sur le marché des changes, les auteurs de la note estiment qu’il n’y a pas de crainte particulière à avoir. Les réserves de la Banque centrale qui s’établissent à 31,6 milliards de dollars fin novembre restent "à un niveau confortablement élevé (couvrant presque entièrement la dette en circulation sur la marché)". En parallèle, le rythme annuel de croissance des dépôts bancaires est de 12,7 % depuis plusieurs mois.
Barclays souligne que l’Etat libanais doit faire face à des échéances en devises pour 3,4 milliards de dollars en 2011, mais la banque d’investissement estime qu’un gouvernement intérimaire n’aura pas de problème à émettre des eurobonds afin de reconduire cette dette. Les banques qui disposent de beaucoup de liquidités devraient souscrire à ces nouvelles émissions, estime Barclays. « Les marges d’intérêts devraient rester contenues même si des développements politiques négatifs devaient créer un peu d’appréhensions parmi les investisseurs internationaux. »
Selon Barclays Capital, la dissolution du gouvernement pourrait compliquer davantage encore la situation budgétaire libanaise.
D’un côté, « l’adoption du budget de 2011 et les réformes nécessaires tant du côté des dépenses que de celui des recettes, y compris les projets de privatisation, qui risquent d’être indéfiniment retardées ». De l’autre, une incertitude prolongée pourrait à nouveau accentuer la pression sur la structure des taux d’intérêts et effacer les gains récents qui avaient permis de réduire les coûts d’emprunt de l’Etat.
« Plus généralement, l’impasse politique et les tensions sont une mauvaise nouvelle pour la croissance économique, en particulier dans une économie comme celle du Liban qui est fondée sur les services. »