Le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a demandé mercredi à la communauté internationale 280 millions de dollars pour aider quelque 190.000 irakiens réfugiés dans la région.
Au Liban, en particulier, les besoins pour 2011 sont estimés à 13,1 millions de dollars, a indiqué un responsable de l’organisation au Commerce du Levant. « Pour l’instant nous n’avons récolté que 9,2 millions de dollars, surtout auprès des Etats-Unis, ainsi que de l’Union européenne et de certains pays européens. Mais nous espérons mobiliser davantage, notamment en sollicitant les pays arabes », explique le chargé des relations extérieures, Ziad Ayad.
Le Liban est le troisième plus grand pays d’accueil de réfugiés irakiens après la Syrie et la Jordanie, avec 8.285 individus recensés par le HCR fin 2010, un nombre qui a pratiquement doublé par rapport à début 2007. Les réfugiés ne sont pas tenus de s’inscrire auprès du HCR mais pour la grande majorité d’entre eux l’aide onusienne est vitale. « Nos chiffres reflètent donc assez bien la réalité, même si certains avancent un nombre beaucoup plus important », estime Ayad.
« La plupart des Irakiens entrent avec un visa touristique puis se tournent vers nous pour être relocalisés ailleurs, car le Liban, comme ses voisins, refuse d’être une terre d’asile temporaire ou permanente. Cette année, nous avons eu presque autant de nouveaux arrivants que de personnes réinstallées à l’étranger », poursuit-il.
Plus de 2.000 Irakiens ont ainsi quitté le Liban en 2010 pour une nouvelle vie aux Etats-Unis, au Canada ou en Australie, mais seuls 47 sont rentrés dans leur pays.
Les réfugiés, majoritairement chrétiens et originaires de Bagdad, sont le plus souvent qualifiés, mais ils ne peuvent pas travailler au Liban, et lorsqu’ils le font ils sont clairement « exploités », raconte le porte parole onusien.
Une fois leur visa touristique expiré, les réfugiés deviennent illégaux dans le pays ce qui conduit parfois à leur arrestation, contrairement à la Syrie et à la Jordanie où les autorités sont plus clémentes. Près d’une centaine de réfugiés croupissent actuellement en prison pour séjour ou travail illégal, aux côtés de criminels. « Un décret ministériel a été émis en septembre 2010 pour permettre aux réfugiés d’obtenir un permis de séjour temporaire d’un an en attendant leur départ. Malheureusement il n’est toujours pas appliqué sur le terrain », déplore Ayad.
« Nous avons fait un long chemin depuis 2006, notamment au niveau de l’accès aux écoles et aux hôpitaux publics, mais la situation des réfugiés irakiens au Liban reste très difficile » conclut-il.
Le HCR est présent au Liban depuis 47 ans. Avant la guerre en Irak, il s’occupait essentiellement des réfugiés soudanais et somaliens. Depuis, les moyens et les effectifs mis à sa disposition ont été renforcés. Il emploie actuellement 19 fonctionnaires internationaux et 45 Libanais.


