Charles Najjar, auteur du livre “Comment placer votre argent”, représentant de la banque UBS au Liban, livre au Commerce du Levant ses astuces pour bien investir.
 

Quel est le montant minimum pour investir sur les marchés financiers ?
Il n’existe pas vraiment de montant minimum, mais un portefeuille n’est intéressant qu’à partir de 10 000 dollars et le service de banque privée est proposé à partir de 250 000 dollars. Les clients qui disposent d’une somme de 500 000 dollars peuvent bénéficier d’une allocation cohérente, avec un bon équilibre entre les différents actifs.
 
Que conseillez-vous pour faire fructifier son argent ?
La première règle est la diversification, qui n’est pas une simple répartition entre les actifs. L’allocation doit être continuellement adaptée aux opportunités du marché en réduisant par exemple la part des obligations lorsque les taux d’intérêt et la prime de risque sont faibles et en augmentant la part des actions lorsqu’elles sont sous-valorisées avec des ratios de cours par rapport aux bénéfices faibles et des rendements de dividende élevés. Il faut aussi savoir aller à contre-courant du marché, tout en prenant des risques bien calculés. Diversification ne signifie pas non plus accumulation de positions, difficiles à gérer et pouvant affecter la rentabilité.
 
Quelles sont les règles de base à respecter pour se lancer dans les investissements ?
Le plus important est de savoir se fixer des objectifs précis. Recherche-t-on surtout à préserver son capital, à le faire fructifier ou à obtenir des revenus réguliers ? Il est également nécessaire d’analyser la situation des marchés pour éviter d’investir dans des actifs potentiellement surévalués.
 
Quelles sont les différences de stratégies entre un profil conservateur et un profil risqué ?
La distinction classique d’un profil risqué par rapport à un profil conservateur se traduit généralement par une part plus importante d’actions dans un portefeuille relativement aux obligations. Cette distinction est assez basique, car une position sur un indice d’actions avec un mécanisme de protection peut s’avérer moins risquée qu’une obligation sur un émetteur qui rencontre des difficultés financières. Par ailleurs, à vouloir être trop conservateur, on aboutit souvent à de très faibles rendements, alors qu’il suffirait parfois de prendre quelques risques bien calculés pour pouvoir profiter de certaines opportunités du marché. Je définirais un investisseur au profil conservateur comme étant celui qui sait prendre des risques mesurés et a une vision de long terme. Le profil risqué correspond plutôt aux investisseurs qui aiment spéculer en prenant des positions à court terme sur les devises ou sur des actions individuelles.

Quelles sont les caractéristiques des investisseurs libanais ?
Il y a d’un côté ceux qui ont une grande aversion au risque, avec une crainte exacerbée des marchés boursiers, gardant l’essentiel de leur fortune en cash et investissant uniquement dans les bons du Trésor ou l’immobilier. Et de l’autre, ceux qui au contraire aiment spéculer, surtout sur les devises. Il faut qu’une catégorie intermédiaire se développe et que les investisseurs libanais comprennent qu’il existe des outils d’investissement donnant accès aux marchés boursiers sans prendre de risques majeurs.

Y a-t-il au Liban toute la palette de conseillers et d’instruments financiers nécessaires à la gestion de portefeuille ?
La plupart des conseillers financiers au Liban ont été formés dans de grandes institutions financières internationales. Les principales banques libanaises ont accès aux marchés boursiers mondiaux et offrent une vaste panoplie d’instruments financiers. Les structures internationales bénéficient toutefois de plates-formes de recherche et d’analyse très performantes qui permettent de mieux affiner les décisions d’investissements, il vaut donc mieux avoir recours à de telles institutions pour les opérations sophistiquées.