Cinemoz, le « nouveau Hulu* du Moyen-Orient », est un service de vidéo à la demande (video on demand, VOD) imaginé et conçu par le Franco-Libanais Karim Safieddine, 27 ans, et deux ans d’expérience dans le studio américain de distribution de films Miramax.

« L’idée m’est venue il y a trois ans  dans un avion, explique-t-il,  je lisais un article sur deux Indiens qui ont mis en ligne de la musique et des clips vidéos à destination du marché indien, sur un site appelé Saavn, et je me suis dit que ce concept de Hulu ethnique n’existait pas dans le monde arabe.  J’ai alors noté toutes mes idées sur un post-it ».

Un an et demi plus tard, Safieddine démissionne de Miramax pour se consacrer à la création de Cinemoz, contraction de cinéma et moz (banane en arabe) . Il rencontre Samer Karam, de Seeqnce, qui l’aide à obtenir un prêt de 200 000 dollars de Kafalat (l’institut libanais de garantie des crédits)  sur cinq ans.  Après tout s’enchaîne très vite : Cinemoz recrute son équipe, puis est approchée en avril dernier par Brightcove, une des trois sociétés leaders de solutions VOD dans le monde (ils gèrent la plateforme de Fox et du New York Times par exemple), qui le sponsorise en lui donnant gratuitement accès à leur technologie. « Cela nous permet d’économiser environ 60 000 pounds (96 000 dollars) », explique Safieddine.
  
« Le business model de la vidéo à la demande est encore émergent, poursuit le jeune PDG, pour le moment celui qui fonctionne le mieux est celui de Hulu, qui consiste en un partage des revenus entre les propriétaires des films et les plateformes. C’est le modèle qui nous suivrons chez Cinemoz. »
 
Pour faire la promotion du nouveau site, Safieddine compte sur trois leviers : d’abord le catalogue-même de films qu’il va proposer : « Nous voulons offrir un contenu premium dans un contexte premium», explique-t-il. Il est actuellement en train de négocier les droits pour des films et des séries arabes de qualité, ainsi que les films qui parlent du monde arabe. Des œuvres de  Youssef Chahine, Nabil Ayyouche et Danielle Arbid sont au programme, ainsi que de séries comme Freej, première série animée en trois dimensions du monde arabe.
 
La deuxième force de Cinemoz sera son utilisation des réseaux sociaux: « Nous travaillons sur une nouvelle technologie qui permettra à l’utilisateur de partager son expérience au moment même où il la vit, sans changer de page, annonce Safieddine. Il cliquera par exemple sur un bouton, et sur son mur Facebook apparaîtra « X regarde la vidéo Y de Z sur Cinemoz.com » ».
 
Et le troisième levier de Cinemoz réside dans la gratuité du contenu pour les utilisateurs ; le site sera exclusivement financé par de la publicité, placée dans la vidéo  (il n’y aura pas de bannière). « Les annonceurs du Moyen-Orient sont aujourd’hui à la recherche de plateformes de qualité ; nous leur offrirons l’équivalent d’un panneau d’affichage sur la place des Martyrs, pour un prix premium ». Safieddine affirme avoir déjà trois ou quatre annonceurs intéressés pour la période de test. 
 
Les principaux marchés visés par la nouvelle plateforme sont l’Egypte et les pays du Golfe. Elle y fera face à la concurrence de quelques sites qui tentent de se lancer dans ce créneau, le principal d’entre eux étant le jordanien Istikana.
  
Pour financer son développement technologique ainsi que l’achat de droits des films, Cinemoz compte sur une deuxième levée de capital en décembre de cette année,  auprès des fonds d’investissement régionaux. Objectif : réunir 3,2 millions de dollars. Certains investisseurs seraient déjà sur les rangs, selon le fondateur. Le projet devrait être rentabilisé en trois ans.  
Le lancement de Cinemoz, qui sera proposé en arabe et en anglais, est prévu au quatrième trimestre 2011.  
 
*Hulu est le leader de la vidéo à la demande en ligne aux Etats-Unis.