Confrontés à des coûts de plus en plus élevés et à une situation sécuritaire régionale et locale aléatoire, les festivals tentent par tous les moyens de perpétuer une tradition qui a fait les beaux jours du Liban.

Au programme de l’été du pop-rock au lyrique, en passant par la danse, le tarab, la variété, la chanson arabe, la fiesta gitane et le jazz… Au total, Baalbeck, Beiteddine, Byblos, Zouk, Jounieh, Batroun, Beyrouth… plus de 100.000 places sont déjà mises en vente.

Né dans les années 1950, « Baalbeck est le premier festival du Moyen-Orient et sa réputation n’est plus à faire », explique sa présidente, Nayla de Freige. Mais les tensions régionales et locales et les appels de certains pays arabes à leurs ressortissants à ne pas se rendre au Liban, auront un impact certain non seulement sur la fréquentation des festivals mais sur la saison touristique en général au Liban.

« Nous travaillons en coordination étroite avec les ambassades et les services de sécurité pour rassurer les spectateurs et les touristes qui se rendront au festival », précise-t-elle.

Latifé Lakkis, présidente du festival de Byblos, confirme : « nous travaillons dans un milieu à risques, nous essayons tant bien que mal d’y faire face, la situation affecte surtout la vente de billets, mais bonne nouvelle, depuis l’éclatement des tensions locales, aucun artiste n’a annulé son concert à Byblos ».

« Notre festival permet non seulement de diffuser la culture, mais d’être un maillon de la chaîne économique dans la région de Jbeil ». Un maillon solide puisque « l’an dernier, le festival a accueilli 50.000 spectateurs », précise Latifé Lakkis.

Hala Chahine, directrice du festival de Beiteddine, espère que l’édition 2012 sera aussi bonne que celle de l’année dernière. « Près de 70% de nos spectateurs sont Libanais, 20% arabes et 10% étrangers, avec les appels à éviter le Liban, nous ne pouvons pas prévoir exactement comment réagiront les touristes arabes ».

L’aléa sécuritaire pèse sur les finances des festivals même si la vente de billets ne représente qu’une partie des recettes. « Nous comptons sur les partenaires privés et les sponsors dont le rôle est fondamental pour la survie de ce genre de manifestations culturelles », explique Nayla de Freige. « L’aide de l’Etat est également importante, même si celle-ci arrive avec près de deux ans de retard », ajoute Latifé Lakkis.

« Sans l’aide de l’Etat il serait difficile de garder le niveau et de tabler sur des spectacles culturels qui ne sont pas forcément les plus rentables mais qui sont nécessaires pour l’image des festivals », souligne encore la présidente du festival de Baalbeck.

« La contribution de l’Etat tardant à venir, nous comptons sur les banques et nous nous trouvons dans l’obligation d’augmenter les prix des billets », précise Hala Chahine.

A l’instar de ses homologues, Zalfa Boueiz, présidente du festival de Zouk, estime urgent de revoir la politique de l’Etat en matière de soutien aux festivals. Imposer des taxes de 40% aux festivals sur leurs recettes pour ensuite abonder à hauteur de 30% à leur budget, est absurde reconnaît lui-même le ministre du Tourisme Fadi Abboud. Aucune solution de rechange n’a cependant été proposée à ce stade.