Le nom d’Ayman Baalbaki est sur toutes les lèvres de la place artistique libanaise. Célèbre pour ses portraits d’homme à la keffié, il porte en lui l’héritage d’une famille de peintres

La peinture est une histoire de famille chez les Baalbaki : le père d’Ayman, son oncle, son frère (Mohammad Saïd), son cousin Oussama, ses autres cousins, s’y adonnent tous ou presque.
« J’ai grandi avec l’odeur de térébentine et d’huile », raconte Ayman Baalbaki, le jeune prodige de la famille.
Enfant de la guerre du Liban, né en 1975 à Ras el-Dekwané (mais sur les papiers officiels, il est inscrit à Odeissé, à la frontière israélienne, rasée par l’armée de Tsahal), Ayman Baalbaki a grandi à Wadi Abou Jmil à Beyrouth, avec pour horizons les tours Murr, Holiday Inn, Starco et l’EDL, qui hantent aujourd’hui ses peintures. Passant d’école en école en fonction des aléas de la guerre, émigrant même brièvement en France à l’âge de 9-10 ans, le jeune homme poursuit des études de beaux-arts à l’Université libanaise, où il y rencontre sa future femme, la peintre Taghreed Darghouth. Il se spécialise ensuite en art-espace à l’École nationale supérieure des arts décoratifs à Paris. « La France m’a apporté une ouverture d’esprit, la technique, je l’avais déjà », raconte-t-il.
Ayman Baalbaki, dont le corps est recouvert de tatouages, a peu exposé à ses débuts. « Je ne me sentais pas prêt », explique-t-il. « J’allais souvent voir les expositions de la galerie Agial, raconte Ayman. Un jour où j’y étais, Salwa Raouda Choucair qui y exposait demande à voir mes dessins. » Enthousiasmée, elle les montre à Saleh Barakat qui décide en 2005 de le prendre sous son aile. « C’est à partir de là que j’ai vraiment commencé à exposer. »
Baalbaki est également représenté par une galerie à Londres (Rose Issa) et une autre en Italie, à Turin (Luce Galery). Ses œuvres, des peintures mais aussi des installations, traitent majoritairement du thème de la guerre. Mais il y apporte toujours une note d’espoir, via des fonds fleuris très colorés. Il a exposé au Liban, au Moyen-Orient, à la Biennale de Venise en 2011, dans le cadre du pavillon panarabe. Aux enchères, ses œuvres battent des records : 80 000 dollars récemment à Christie’s Dubaï pour un panneau d’armoire peint, et surtout 206 500 dollars en 2009, toujours à Christie’s Dubaï, pour un portrait d’un homme à la keffié, un tableau d’une série qui l’a rendu célèbre.
Ayman Baalbaki travaille actuellement sur un projet pour les 25 ans de l’Institut du monde arabe à Paris en octobre et sur une exposition solo en Italie au début de l’année prochaine et chez Agial d’ici à fin 2012. « Je suis paresseux, je travaille par à-coups, mais quand je travaille, je suis heureux. »