Un nouvel axe routier devrait soulager le trafic routier entrant à l’est de Beyrouth. Baptisée Fouad Boutros, cette voie rapide débute en amont du croisement entre l’avenue Charles Malek et La Sagesse et se termine dans le quartier de Charles Hélou. D’un montant de 30 millions de dollars, ce projet doit débuter en mars et les travaux vont durer deux ans et demi.

Dans le jargon des ingénieurs, on appelle cela une « pénétrante » ou une route urbaine rapide. À Beyrouth, il en existe déjà deux, censée fluidifier la circulation aux entrées de Beyrouth. La première relie la route de Damas à partir du rond-point Sayyad (Hazmié) au port de Beyrouth ; la seconde fait la jonction entre Sayyar al-Darak et la rue Georges Haddad. « Il manquait l’équivalent pour l’entrée est de Beyrouth », explique Ibrahim Chahrour, ingénieur responsable de ce projet au Conseil du développement et de la reconstruction (CDR). « Ce nouvel axe doit d’abord assurer la jonction avec le flux de circulation qui entre dans Beyrouth en provenance de la Békaa et de Hazmié. Il doit ensuite alléger la circulation intérieure d’Achrafié sur l’avenue Charles Malek et l’avenue de l’Indépendance (alias boulevard Élias Sarkis), qui descend de la place Sassine vers Sodeco », précise Antoine Salameh, également ingénieur au CDR. Les projections du CDR parlent d’une amélioration de l’ordre de 40 % du trafic intérieur dans le quartier d’Achrafié grâce au percement de cette nouvelle voie.

60 millions de dollars

Concrètement, la nouvelle artère, baptisée Fouad Boutros en hommage à l’ancien ministre des Affaires étrangères, doit relier le quartier de La Sagesse (Hekmé) à Charles Hélou, cette dernière étant reliée à la voie rapide littorale allant vers le Nord. Elle démarre en amont de l’ABC sur l’axe venant de l’Hôtel-Dieu vers la jonction avec l’avenue Charles Malek à hauteur de Mar Mitr et se termine au niveau de la rue du Fleuve (Nahr), qui donne dans l’avenue Charles Hélou. Elle comprend deux tunnels souterrains pour éviter les zones les plus denses, ainsi que deux ponts, le premier qui enjambe l’avenue Charles Malek et le second qui assure l’échange avec l’avenue Charles Hélou et la rue Pasteur. Deux autres passerelles sont également prévues. « Cette nouvelle voie d’un kilomètre de long traverse une zone urbaine relativement dense, mais sans route principale », précise encore Ibrahim Chahrour.
Le coût du projet a été estimé à quelque 30 millions de dollars, auxquels s’ajoutent 30 autres millions de dollars d’indemnités à verser au titre des expropriations. Le financement est assuré par un prêt du Fonds arabe au gouvernement libanais de six millions de dollars. Le reste de la somme étant à la charge de la municipalité de Beyrouth. Si le calendrier est respecté, les travaux devraient démarrer en mars prochain. Ils sont prévus pour durer deux ans et demi.

Un projet ancien

Le projet n’est pas nouveau. Sa première version date de 1973. « Les premiers décrets ont été publiés près de 40 ans auparavant. La guerre de 1975 a toutefois tout stoppé. La guerre terminée, nous avons considéré que la réalisation des autres axes routiers était prioritaire par rapport à ce tronçon », explique encore Ibrahim Chahrour. Se sont ajoutées des tractations entre les différents acteurs concernés, en premier lieu entre le CDR, la municipalité et l’archevêché maronite, qui voyait d’un très mauvais œil le percement d’un axe routier dans sa proximité. « Nous avons donc modifié le trajet pour limiter l’impact sur les bâtiments de l’église comme sur l’ensemble du tissu urbain. » Désormais, un seul immeuble, dont les habitants ont été expropriés il y a plusieurs années, doit disparaître pour permettre la réalisation de cette nouvelle voie rapide. Les propriétaires et locataires des bâtiments concernés par le tracé avaient encaissé il y a plus de vingt ans la moitié des indemnités d’expropriation et devaient encaisser le reste au moment du début des travaux. Après de longues tergiversations, il a été finalement décidé de les payer sur la base de la valeur actuelle des terrains et non pas de la valeur au moment de la première expropriation.