Libanet, une entreprise libanaise de services à l’industrie aérienne, a conclu en mars un nouveau contrat avec la NasAir, la première compagnie saoudienne à bas coût. La société fondée par Tony W. Saadé devrait également offrir ses services d’assistance au sol à la Saoudi Airlines avant fin 2013. À Doha enfin, elle est bien placée pour remporter l’appel d’offres pour la flotte de Qatar Airways, la plus importante de la région (124 appareils, dont les B787 et A380). Libanet est aujourd’hui en situation de monopole dans ce domaine dans la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Son histoire a commencé en 1998, lorsqu’elle a remporté l’appel d’offres international pour la sous-traitance de services d’entretien de l’aéroport de Beyrouth, à l’occasion de la construction du nouveau terminal. Désormais, elle travaille pour une cinquantaine de compagnies aériennes (dont Middle East Airlines, Air France, Etihad, mais aussi des flottes privées...) dans quatre aéroports : Beyrouth, Riyad, Le Caire et Amman.

Boom du secteur aérien

Libanet comporte deux divisions : les services aux aéroports représentent 60 % de son activité, soit 13 millions de dollars de chiffre d’affaires annuel ; la maintenance des avions totalise 40 %, soit près de 8,2 millions de dollars. Fin 2013, les filiales saoudiennes (Libanet-KSA) et jordaniennes (Libanet-KAI) représenteront 45 % du chiffre d’affaires du groupe. Au total, ce sont près de 1 300 employés formés à l’aéroport Rafic Hariri pendant un ou plusieurs mois qui sont employés dans les terminaux et sur les tarmacs. Libanet prépare, nettoie, équipe les cabines et les cockpits de près de 2 100 avions tous les mois. « Notre succès est dû au travail de terrain, très pointu. Nettoyer un Boeing 747 de 400 places dans un délai de 20 minutes, cela demande une certaine expertise, argumente Tony Saadé. Nous bénéficions d’une formation continue avec la compagnie allemande Lufthansa, dont Libanet a pris la procédure de vérification de l’appareil pour modèle. » Depuis 2001, et malgré les attentats du 11-Septembre, le secteur de l’aviation est en plein essor. Libanet surfe sur cette vague qui oblige les compagnies à sous-traiter un nombre croissant de leurs services afin d’alléger leurs charges fixes. « Nous nous sommes engouffrés dans cette brèche. En commençant par mettre un pied dans l’aéroport, pour ensuite accéder aux appareils eux-mêmes », raconte Tony Saadé. Car pour assurer le nettoyage et l’entretien d’une carlingue, d’une cabine comme du moteur, il faut être obligatoirement certifié ISO:9001. Un label obtenu en 2008 par Libanet. « Un mauvais nettoyage peut être la cause d’un accident. Cela s’est produit à Toulouse en 2009. »
Libanet bénéficie également d’un essor régional que les printemps arabes n’ont pas affecté, malgré la baisse du tourisme (20 millions d’arrivées en moins dans les pays méditerranéens en 2011). Selon le dernier Sommet mondial du tourisme, qui s’est tenu à Abou Dhabi en avril, le Moyen-Orient est la zone qui connaît le plus fort développement dans le secteur. En 2012, Dubaï a enregistré 13,2 % de plus (57,7 millions de voyageurs), plaçant l’aéroport au 10e rang des aéroports internationaux les plus fréquentés et à la deuxième place en passagers internationaux. Autre facteur d’optimisme pour Libanet : le marché du transport aérien en Arabie saoudite s’avère le plus prometteur de la région. Des investissements de l’ordre de 12 milliards de dollars sont prévus pour développer le secteur d’ici à 2020 (construction de nouveaux aéroports, extension des deux flottes nationales...).

Forte croissance

L’affable Tony Saadé est un chef d’entreprise ambitieux, mais responsable et mesuré. Il sait ce que peut coûter une expansion trop rapide, donc fragile. Avec ses 20 % de croissance en 2012, il s’estime gâté. 2013 s’annonce encore meilleure avec un objectif de 25 % de croissance. Sa position dominante sur le créneau lui donne en effet de l’avance par rapport à d’éventuels futurs concurrents.
De l’avance, il veut également en prendre dans l’assistance au sol. Elle concerne toutes les activités à gérer à l’atterrissage. En particulier, le traitement des bagages et la prise en charge des passagers dans les terminaux. Il espère ainsi conquérir 40 % de ce marché du “ground handling” dans les deux prochaines années. Tony Saadé explique en effet que de nouvelles lois sur le travail en préparation dans le Golfe devraient obliger les compagnies à recourir à la sous-traitance pour réduire le coût de leurs ressources humaines.