Les Libanais craignent de plus en plus de perdre leur emploi au profit de réfugiés syriens, bien moins regardant sur le salaire perçu ou leurs conditions de travail. C’est particulièrement vrai pour les emplois peu ou non qualifiés, du secteur informel qui représente 30% du PIB national.

Ce constat figure parmi les principales conclusions du récent rapport de la FAFO, une fondation norvégienne indépendante, qui a mené une enquête dans le village de Bebdine (Tripoli), un village pauvre de 35.000 habitants, qui accueille 6.000 réfugiés syriens.

Selon l’étude, 82% des personnes interrogées pensent que les réfugiés syriens accaparent l’emploi des libanais ; 75% considèrent que cela entraîne une baisse des salaires.

Cette crainte est hélas étayée : le rapport cite des témoignages de Libanais licenciés et remplacés par leurs alter ego syriens. Ahmed 21 ans, garagiste à Bebdine, a ainsi perdu son emploi : « Ils nous volent nos emplois. Je ne vois plus de futur possible ».

Pareille dérive n’est pas propre au Liban, qui compte aujourd’hui 750 000 réfugiés enregistrés auprès des services du Haut commissariat des Nations unis aux réfugiés (HCR), et environ 1 million selon des estimations plus globales, soit 25 % de la population totale libanaise.

Dans tous les pays où ils sont présents, la concurrence entre main-d’œuvre locale et réfugiés syriens existe. « J’ai remarqué une tendance similaire en Jordanie, et un sentiment de frustration de la part de la population qui se sent « envahie » aussi bien économiquement que socialement », explique Rami Khoury, directeur de l’Institut Issam Fares de Université américaine de Beyrouth (AUB), qui a analysé les résultat de l’étude norvégienne.

Conséquence directe : plus de la moitié des sondés pensent que le Liban ne doit plus accueillir de Syriens et que ceux présents doivent être cantonnés aux camps gérés par les Nations unies.