Avec quelque 600 000 réfugiés syriens enregistrés auprès du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et plus d’un million vivant au Liban, la situation sociale devient de plus en plus critique.

D’autant que le flot de réfugiés est en constante progression : si on en croit les projections du HCR, les réfugiés représenteront l’équivalent d’un quart de la population libanaise à la fin de 2014.

Sans surprise, cette pression démographique a un impact sur le tissu économique et social du pays. C’est du moins l’une des principales conclusions du rapport, publié en juin dernier, par la Commission économique et sociale d’Asie de l’Ouest de l’ONU (CESAO).

Selon l'enquête, 71% des réfugiés syriens présents au Liban, vivent en dessous du seuil de pauvreté et ne survivent que grâce aux aides des organisations humanitaires.

Si les dépenses de l’Etat libanais n’ont donc pas augmenté de manière directe pour gérer les réfugiés, le conflit pèse cependant, de manière indirecte, sur son budget.

À titre d’exemple, le nombre d’écoliers syriens (450.000) devrait dépasser celui des élèves libanais (350.000) à la prochaine rentrée scolaire dans les écoles publiques (source : The Lancet 2013).

La pression est similaire sur les universités ou les hôpitaux publics voire sur les produits alimentaires de première nécessité, comme le pain, dont la farine est subventionnée.

Mais la CESAO va plus loin : si rien n’est fait, ce poids démographique entraînera une concurrence accrue sur le marché du travail local.

Un dumping social qui aura pour résultat une hausse du chômage et une baisse des salaires.

« Le chômage pourrait atteindre 29% si les salaires ne sont pas ajustés rapidement », lit-on dans le rapport.

Pour éviter ce scénario catastrophe, la CESAO conseille de les insérer rapidement au marché du travail libanais. Dans ce cas, avance l'étude, le chômage ne progressera que de 9 %. 

Mais leur intégration est une arme à double tranchant : l’intégration des travailleurs syriens aura pour résultat la création d’un fort « dumping social » dans les catégories d’emplois les moins qualifiés, en particulier dans le secteur informel, avec une perte conséquente sur les niveaux de salaire, de l'ordre de 14 %.

75% des réfugiés présents sur le sol libanais sont en effet illettrés ou sans qualifications, selon la CESAO. Pour survivre, ils acceptent des emplois à des salaires inférieurs à ceux des Libanais, afin de favoriser leur recrutement.

Conséquence ? Si on en croit l’étude, le PIB libanais par habitant se trouvera réduit d’ici à 2015 de 20% si rien n'est fait pour les assimiler au marché du travail.  Une hypothèse qui laisse planer le danger d'une paupérisation sans précédent de la population libanaise.