Comment se porte le secteur bancaire depuis le début de l’année 2013 ?
Entre juillet 2012 et juillet 2013, le secteur bancaire est en croissance de 8,5 % (un rythme de croissance inchangé par rapport à l’année précédente). Et l’ensemble des crédits à l’économie sont en hausse d’environ 10 % sur la même période. Cette hausse supérieure à celle du bilan consolidé montre l’effet positif des mesures de relance de la Banque du Liban (BDL) adoptées en début d’année. Ce plan de relance des prêts subventionnés a permis de stabiliser le recul de l’activité : les crédits sont le principal déterminant de la croissance économique du Liban. Mais il faut être conscient que ce chiffre représente la croissance nominale et non pas la croissance réelle que personne ne connaît à défaut de comptabilité nationale. D’après les différentes estimations, elle varierait entre -1 % et +1 % cette année.
Il n’y a pas eu de changement dans la structure d’allocation des crédits aux différents secteurs de l’économie. Une grande part du portefeuille revient aux crédits logement. Avec un crédit moyen de 50 000 à 70 000 dollars, le risque est très bien réparti sur un grand nombre de débiteurs. Au total, nous avons enregistré 900 000 nouveaux crédits habitat entre juillet 2012 et juillet 2013.

La perspective de relèvement des taux d’intérêt internationaux fait-elle peser un risque sur le secteur bancaire libanais ?
Pour l’instant, on parle davantage de cette hausse qu’elle ne se réalise. Le Libor à trois mois qui sert de référence aux taux libanais varie depuis 2011 autour de 0,3 %. Je ne vois pas de risque d’augmentation rapide dans les prochains mois, ni même dans les deux prochaines années. Dans tous les cas, le différentiel entre les taux internationaux et les taux libanais est important : nous sommes à 2,89 % de taux moyen à trois mois. Nous avons donc encore une marge d’absorption des variations internationales.

Quel a été l’impact du contexte régional (Syrie, Égypte) sur l’activité des banques libanaises ?
Dans un contexte normal, nous aurions pu compenser la baisse de l’activité locale par une hausse de l’activité régionale. Mais avec le conflit en Syrie et l’insécurité politique en Égypte, la part des profits provenant de la région n’augmente pas. Après plusieurs années de redéploiement des banques libanaises dans la région, nous aurions pu attendre une contribution de 25 à 30 % de l’activité extérieure dans le bilan consolidé du secteur. Cette part reste autour de 17 %, sans évolution notable. C’est un manque à gagner certain.
En parallèle, les crédits aux non-résidents sont à 8 143 millions de dollars, contre 8 milliards l’année dernière, soit une hausse marginale. Cela signifie que les activités régionales de nos clients ne sont pas davantage un moteur d’activité.