Maya Anid et son frère Nassib Chédid jettent les premières pierres de ce qui sera la 39e cave du Liban et la 8e de la région de Batroun. Dénommée Clos du Phoenix, cette propriété de 6 hectares, située à Eddé, devrait démarrer sa production de vin d’ici à mars 2014.

« Nous commençons la construction de la cave et de la future salle de dégustation », explique Maya Anid, à l’origine du projet. Coût de l’investissement ? Entre 250 000 et 300 000 dollars. « Ce qui comprend en particulier des cuveries d’origine française. »

Maya Anid et Nassib Chédid ne sont pas des néophytes. Jusqu’en 2012, ils étaient les partenaires des Coteaux de Botrys, un domaine vinicole de 16,5 hectares, fondé en 1998 par le général Bitar, et dirigé, depuis sa mort, par ses deux filles, Neila et Josiane.

« Le Général Bitar avait persuadé notre famille de s’engager à ses côtés pour faire revivre la vigne sur les collines de Batroun. Nous l’avons suivi, planté des ceps puis avons rejoint Botrys à partir de 2003 », précise Maya Anid.

Mais en 2012, coup de tonnerre : Josiane et Neila Bitar décident d’arrêter la production de vins des Coteaux de Botrys. « Nous avons décidé d’un arrêt momentané pour d’abord écouler nos stocks », fait valoir Neila Bitar.

De fait, depuis les vendanges de l’été 2012, Botrys vend ses vendanges à Ixsir, la grande cave de la région de Batroun. « Botrys écoule cependant toujours ses anciens millésimes sur le marché », précise encore Neila Bitar.

Maya Anid et son frère auraient pu décider de suivre le mouvement et vendre eux aussi leurs raisins. « Mais j’imaginais mal cesser la production : entre temps, j’avais été mordue. C’est notre terroir, ce sont nos raisins : je crois dans la possibilité de les transformer en un vin qui nous ressemble », explique-t-elle.

Pari tenu quelques mois plus tard avec la naissance de Clos du Phoenix. « Avec Botrys, une étape a manqué : la commercialisation des vins. Nous n’avions pas les compétences et ne sommes pas parvenus à nous faire suffisamment reconnaître sur le marché. J’espère cette fois mieux y parvenir. »

L’enjeu, il est vrai, n’est pas le même : Clos du Phoenix devrait produire 9000 à 10 000 bouteilles quand Botrys tentait d’écouler entre 30 000 et 40 000 bouteilles par an avant l’arrêt de la production. Clos du Phoenix est déjà référencé dans quelques points de vente : à Beyrouth, on le trouve chez Jean-Charles, le fromager de la descente de l’hôtel Alexandre ainsi que chez Bou Khalil à Baabda.

Pour l’heure, les cinq vins commercialisés (trois rouges, un blanc et un rosé) se situent dans la continuité des vins de Botrys. « C’est normal : nous écoulons ici, sous notre nouveau nom, une partie des stocks des Coteaux de Botrys qui nous sont revenus lorsque nous nous sommes séparés. »

Mais à partir du millésime 2012, la production devrait être indépendante et la cave proposera des vins à l’identité différente. C’est, du moins, l’ambition d’Yvan Jobard, l’ancien œnologue des Coteaux de Botrys, qui a suivi Maya Anid dans sa nouvelle aventure.

« À terme, nos vins auront une identité propre : les vignes sont situées dans les limites du village d’Eddé, à 300 mètres d’altitude en moyenne. Ils bénéficient d’une exposition face à la mer et d’un sol argilo-calcaire propre à la région », explique l’œnologue qui précise : « Avec Phoenix, il y a une véritable ambition, une envie assurée et les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir. »