Vacance. Le mot est dans toutes les conversations à l’approche de l’été. Pour désigner non pas les congés mais l’absence de locataire du palais présidentiel de Baabda depuis la fin du mandat de Michel Sleiman. Mais du point de vue de la population, la nouvelle donne n’est pas celle-là. Elle est contrainte depuis longtemps à fonctionner comme si l’État n’existait pas. Le “vide” institutionnel est devenu la règle plutôt que l’exception. Pour les milieux d’affaires, notamment, l’important est que l’été s’ouvre sous le signe de la trêve. C’est le ministre du Tourisme qui l’a annoncée le premier en prédisant le retour des ressortissants du Golfe. Le Liban est ainsi fait qu’une convergence d’intérêts entre des parties que tout oppose permet de rétablir – sans toutefois aucune garantie de pérennité – un certain retour à la stabilité à travers une répression sécuritaire coordonnée de la mouvance jihadiste que le front syrien a dangereusement réveillée au pays du Cèdre. Cette trêve ne traduit cependant qu’un plus petit dénominateur commun et on est loin d’un accord politique qui permettrait, par exemple, d’élire un président (espérer davantage serait totalement utopique à ce stade). Bizarrement cela suffit à redonner espoir dans une relance de la demande et de la consommation alimentées par les touristes et l’argent des expatriés. À moins que les laissés-pour-compte depuis des années d’un modèle fondé sur le gonflement des actifs fonciers et financiers et de leurs rendements ne parviennent à perturber l’embellie conjoncturelle annoncée. C’est l’enjeu de la bataille encore irrésolue autour de la revalorisation des salaires de la fonction publique. Un enjeu économique et social systémique qui fait écho au blocage du système politique.