Un article du Dossier

Les investisseurs libanais en Irak dans l’expectative

Banque libano-française (BLF)
Date d’installation en Irak : 2013
Nombre d’employés en Irak : 10
Dotation en capital en Irak : 7 millions de dollars
Bilan en Irak : 24 millions de dollars
Dépôts en Irak : 9 millions de dollars
 

La Banque libano-française (BLF) n’a pas opté pour la même stratégie que la majorité des banques libanaises implantées en Irak. Elle a ouvert sa première succursale à Bagdad, en octobre 2012, et non au Kurdistan, qui sert généralement de base aux banques étrangères pour couvrir le reste du pays. « Bagdad reste le poumon économique de l’Irak, le siège de la Banque centrale s’y trouve et la capitale compte une proportion importante de nos clients libanais », explique Maurice Iskandar, directeur de l’international et membre du comité exécutif de la BLF. « Nous nous sommes installés à Bagdad sachant que la situation sécuritaire risquait de se dégrader à tout moment et nous continuerons à y assurer une présence tant que celle-ci ne mettra pas en danger nos ressources humaines », poursuit Maurice Iskandar. Malgré les violences dans le pays, la banque compte ouvrir d’ici à 2016 quatre autres succursales dont l’une à Erbil, au Kurdistan, dès 2014, mais aussi à Bassora, Najaf  afin de pouvoir suivre ses clients dans tout le reste du pays et se développer dans les régions avec un « potentiel d’affaires ». Mossoul figurait aussi dans les projets d’expansion avant sa prise par l’État islamique en Irak et au Levant.« Nous nous inscrivons dans la même dynamique qu’au Liban, où nous ouvrons en moyenne deux agences par an », affirme Maurice Iskandar. En Irak, la BLF a choisi la formule du réseau d’agences et non la création d’une filiale (comme en Suisse et en France) ou de bureaux de représentation (à Abou Dhabi et Lagos). Avant de s’installer physiquement dans le pays, la banque avait développé une connaissance du marché en tant que banque correspondante, afin de faciliter l’ouverture des banques irakiennes aux marchés internationaux, une activité qu’elle poursuit toujours avec une dizaine de banques locales, privées comme publiques. « Nous aidons les banques irakiennes à développer leurs activités de financement du commerce et de services interbancaires, en leur apportant une technicité et une expérience, et en mettant à leur service notre réseau de correspondants internationaux », assure Maurice Iskandar. Au cours de sa première année sur le territoire irakien, la BLF s’est aussi focalisée sur les services bancaires aux entreprises (corporate), visant essentiellement les sociétés libanaises investissant en Irak. La BLF n’a en revanche pas débuté ses opérations de crédit auprès des entreprises locales. « Le marché n’est pas encore prêt et les réglementations irakiennes dans ce secteur ne sont pas encore suffisamment adaptées. » Au cours de l’année 2013, la BLF a réalisé un volume d’affaires de 750 millions de dollars dans le pays, dont 500 millions directement depuis l’agence de Bagdad. Le bilan de l’agence s’est élevé à 24 millions de dollars, un bilan proche de celui des nouvelles petites agences de la BLF au Liban. « Le bilan de la première année d’opérations reste timide, mais en termes de volume d’activités, nos attentes ont été dépassées », estime le directeur de l’international. « À un horizon de cinq ans, nos activités en Irak devraient représenter 10 à 20 % de notre bilan consolidé. Notre stratégie s’inscrit sur le long terme. Nous ne sommes pas installés en Irak pour repartir au bout de deux ans. »

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