Un article du Dossier

Les investisseurs libanais en Irak dans l’expectative

La brusque détérioration de la situation sécuritaire en Irak tombe au mauvais moment pour les sociétés libanaises, de plus en plus nombreuses à s’installer au pays de l’or noir, hors de leur pré carré au Kurdistan. Il reste cependant encore difficile de prédire les conséquences du chaos irakien pour les sociétés libanaises, qui investissent essentiellement dans le secteur des services. Le Commerce du Levant a rencontré certaines d’entre elles. Une dizaine d’autres, parmi lesquelles les groupes Fattal, Khatib & Alami, Man Enterprise, ou la Byblos Bank ont cependant refusé de parler de leurs activités en Irak.

« Nous disposons de stocks à Bagdad pour tenir plusieurs semaines, mais si la situation sécuritaire ne s’améliore pas d’ici un ou deux mois, il sera très difficile pour nous de poursuivre nos activités normalement », s’alarme Chakib Chéhab, vice-président pour l’international de Malia Group, distributeur via sa filiale Mared de produits de grande consommation dans tout l’Irak. « Les deniers combats ont eu un impact important sur nos activités de distribution, car les routes entre le Kurdistan et Bagdad sont fermées, ce qui complique nettement l’approvisionnement de la capitale. En temps normal, près de 2 000 camions traversent chaque jour la frontière turque pour atteindre le Kurdistan et le reste de l’Irak», poursuit Chakib Chéhab. Début juin, la conquête éclair de Mossoul, ainsi que des pans entiers des provinces de Ninive, Kirkouk et Salaheddine, par les jihadistes de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), alliés à des fidèles de l’ancien régime baassiste et des tribus arabes, a coupé de nombreuses liaisons entre les provinces irakiennes, et entre celles-ci et Bagdad. « Nous conseillons à nos clients libanais de ne plus envoyer pour l’instant de produits en Irak, en particulier à Bagdad, car le nord et le sud est de la capitale ne sont pas sécurisés. Plus de 5000 tonnes de marchandises sont actuellement stockées dans le port d’Oum Qasr, dont une partie était destinée à Kirkouk », explique Hicham Katurji, le directeur commercial du transporteur libanais Gezairi Transports. La compagnie, utilisée par un certain nombre de sociétés libanaises pour transporter des marchandises vers l’Irak, a décidé de stopper le transport routier par la Syrie suite à la multiplication des affrontements dans la province d’Anbar. L’offensive de l’EIIL a poussé certains entrepreneurs libanais à ajourner certains de leurs projets situés dans les zones sensibles, comme la société SEG International, qui construit plusieurs projets immobiliers en Irak. « Nous avions prévu de lancer à la fin de l’été un projet de 4 000 unités résidentielles à Tikrit, car les besoins sont considérables dans cette région, mais nous avons gelé ce projet pour l’instant », déplore Samir Karam, le vice-président de SEG International. Mais le groupe n’a pas cessé ses travaux à Bagdad ou à Nasiriyah, dans le sud du pays. « La prise de régions entières de l’Irak a eu un fort impact psychologique, mais dans la capitale, la situation est la même, et nous n’avons pas rapatrié nos employés libanais », précise Samir Karam. Les combattants de l’EIIL se sont rapprochés de Bagdad, conquérant brièvement la ville de Baqouba, à 60 kilomètres au nord-est de la capitale, mais selon différents interlocuteurs interrogés par Le Commerce du Levant, l’onde de choc ne s’est pas encore propagée dans la capitale. « La circulation à Bagdad s’est beaucoup ralentie depuis les derniers événements, mais les activités de notre agence n’ont pas diminué. Les clients continuent à alimenter leurs comptes, à demander des facilités, et nous assurons les même services », affirme Maurice Iskandar, directeur à l’international de la Banque libano-française, qui a ouvert en 2013 sa première succursale à Bagdad. Le sud de l’Irak, à majorité chiite – et où sont actives plusieurs entreprises libanaises –, n’a pas non plus été touché par les violences. « Nos ventes et notre production n’ont pas été affectées, de même que nos routes d’approvisionnement, car nos importations sont principalement acheminées via le sud de l’Irak », explique Shady Khoury, directeur des opérations à la Société libanaise moderne libanaise pour le commerce (SMLC), qui met en bouteilles les marques de boissons du groupe PepsiCo pour six provinces du sud de l’Irak.

L’insécurité, éternel obstacle aux investissements

La sécurité a toujours constitué l’un des principaux obstacles à l’installation de sociétés libanaises en Irak – en particulier à Bagdad –, ces dernières préférant s’installer à Erbil. « Environ 90 % des entreprises libanaises ont leur siège au Kurdistan, car c’est une région très stable depuis 2003 », explique Mohammad Chamseddine, chercheur à Information International. Le nombre de Libanais installés en Irak, hors du Kurdistan irakien, ne dépasserait pas 2 000 personnes – dont un certain nombre de Libanaises mariées à des Irakiens –, selon une estimation de Hazaa Sherif, chargé d’affaires libanais en Irak. « Plus de 50 % du chiffre d’affaires des sociétés libanaises en Irak se fait à Bagdad, mais elles préfèrent encore couvrir la capitale depuis le Kurdistan », affirme Nabil Fawaz, directeur général de Socodile, une société agent régional de marques de parfumerie en Irak. La capitale constitue le poumon économique du pays, avec plus de dix millions d’habitants, mais les violences représentent un handicap majeur. « Ces dernières années, quatre de nos employés sont morts dans des attentats, et nos bureaux à Bagdad ont dû être refaits trois fois », témoigne Chakib Chéhab. « Nous limitons les visites de nos employés libanais à Bagdad, afin de réduire les risques de kidnapping », ajoute-t-il. Dans l’ensemble du pays, les violences ont fait plus de 7 000 morts depuis le début de l’année, selon le site britannique Iraq Body Count, un chiffre qui rappelle les années noires de 2006 à 2008, sur fond de guerre civile entre sunnites et chiites. « La détérioration de la situation sécuritaire en Irak a poussé nos clients à retarder, voire à annuler plusieurs de nos projets d’installation de laiteries et d’huilerie cette année. Pour les projets de production industriels, qui s’inscrivent sur le long terme, le contexte n’est pas favorable aux investissements », explique Riad Saadé, PDG du Comptoir agricole du Levant, une société libanaise spécialisée dans l’agro-industrie, qui avait prévu d’installer une demi-douzaine de laiteries dans plusieurs régions irakiennes, mais s’est finalement repliée sur des projets en Jordanie, au Qatar ou à Dubaï.

Les sociétés libanaises à l’affût d’opportunités

L’insécurité permanente n’a pourtant pas découragé les entrepreneurs libanais, qui depuis plusieurs années parient sur les besoins énormes de reconstruction de l’Irak, évalués entre 400 et 600 milliards de dollars. Ils investissent en particulier dans des secteurs sous-développés et saturés au Liban, comme l’immobilier. L’Irak aurait en effet besoin de 2,5 millions d’unités résidentielles d’ici à 2016, sans avoir les moyens de satisfaire plus de 5 % de cette demande, selon les dernières statistiques du ministère irakien du Logement. La société SEG International a ainsi lancé trois vastes projets commerciaux et résidentiels en Irak ces derniers mois, dont un mall à Bagdad, et 1 000 unités résidentielles à Nasiriyah, dans le sud de l’Irak. « Les meilleures opportunités se trouvent en Irak, où nous espérons réaliser 40 à 50 % de notre chiffre d’affaires dès 2015. Tous les autres pays de la région stagnent », assure Samir Karam, son vice-président.
Les Libanais sont aussi présents dans un autre secteur en crise : celui de l’électricité. La quasi-totalité des assembleurs de générateurs électriques libanais ont investi le marché irakien. « L’Irak est le pays qui a le plus besoin d’électricité au Moyen-Orient. Le réseau national fournit en moyenne 12 heures de courant par jour, et six heures en été. L’électricité 24h/24 ne devrait pas être disponible avant au moins dix ans. L’électricité est aussi indispensable pour l’extraction du pétrole », estime Rida Rahwanji, directeur des ventes de Jubaili & Co. La plupart des assembleurs de générateurs électriques sont bien installés dans le paysage irakien : ils y exportent depuis la fin des années 1990, une période au cours de laquelle l’Irak de Saddam Hussein était sous embargo.

Les banques libanaises, premières banques étrangères en Irak

C’est également depuis la période du programme “Pétrole contre nourriture” que les banques libanaises ont commencé à tisser des liens avec l’Irak. Pendant des années, elles ont accompagné le développement des banques locales, en mettant à leur disposition leurs réseaux de correspondants internationaux. Certaines d’entre elles ont ouvert des succursales au Kurdistan irakien dès 2006, mais depuis deux ans, une nouvelle vague de banques a inauguré des agences à Bagdad, afin de procéder à des opérations bancaires qu’un simple bureau de représentation ne permettait plus de réaliser. Bank Audi, qui avait repoussé depuis plusieurs années son installation en Irak, a finalement annoncé qu’elle allait y ouvrir sept succursales entre 2014 et 2015. Les huit banques libanaises qui ont franchi le pas représentent désormais plus de la moitié des banques étrangères implantées en Irak, loin devant les banques turques et iraniennes ! Bagdad n’impose pas de s’associer à un Irakien pour ouvrir une banque, comme c’est le cas pour d’autres types de sociétés, et le capital de départ est de sept millions de dollars, dans la norme régionale. En optant pour l’Irak, les établissements bancaires libanais parient elles aussi sur les besoins de financement colossaux de la reconstruction. « Les importations irakiennes sont en constante progression dans tous les domaines et les entreprises ont besoin de financements bancaires. Nos clients sont aussi des sociétés libanaises actives dans tous les secteurs de l’économie », explique Georges Andraos, directeur de l’international à la Fransabank, qui vient d’ouvrir deux branches en Irak en avril. « Les banques libanaises disposent de beaucoup de liquidités et souhaitent investir de nouveaux marchés émergents. En Irak, les opportunités sont très vastes, et il y a de la place pour tous », affirme Samir Tawilé, directeur central de l’International Bank of Lebanon (IBL). Les banques libanaises avancent cependant à pas de loup et restent prudentes avant de se lancer dans des prêts aux particuliers, plus risqués. « Le taux de bancarisation ne dépasse pas 20 % et au cours des dernières années la culture bancaire ne s’est pas véritablement développée. La grande majorité des transactions se fait encore en cash, étant donné que les deux grandes banques publiques monopolisent près de 80 % des dépôts bancaires », explique Maurice Iskandar, directeur de l’international à la Banque libano-française (BLF). « La Banque centrale irakienne travaille à une amélioration des réglementations bancaires, mais il reste des efforts importants à faire, concernant les lois relatives à l’hypothèque des biens immobiliers, l’existence d’une centrale des risques et d’informations sur les clients, et le développement d’un marché monétaire local. Ce sont des conditions nécessaires pour développer des activités de crédit », ajoute Maurice Iskandar.

Le premier marché de consommateurs du Moyen-Orient

Il est un autre secteur où les besoins sont grandissants et où les Libanais sont actifs : la distribution de biens de consommation. Avec le retour de la croissance en Irak, le pouvoir d’achat des ménages a considérablement augmenté. Selon la Banque centrale irakienne, le salaire moyen mensuel des Irakiens a quadruplé entre 2006 et 2012, passant de 123 à 489 dollars par mois. « L’Irak représente 32 millions de consommateurs qui ressemblent aux autres consommateurs du Levant. C’est un marché jeune, avec plus de la moitié de la population qui a moins de 21 ans », affirme Chakib Chéhab, vice-président pour l’international de Malia Group. « Le pouvoir d’achat des Irakiens reste encore faible par rapport aux autres pays de la région, tempère Élias Esta, président de Sanita (groupe Indevco), fabricant de produits hygiéniques, mais la qualité des produits s’améliore rapidement, en particulier dans le segment moyen de gamme, ce qui est un signe positif. » En 2013, les exportations libanaises en Irak ont atteint le chiffre record de 480 millions de dollars, malgré la mauvaise situation sécuritaire dans le pays et les difficultés de transport liées à la guerre en Syrie. « Notre objectif est de doubler ce chiffre dans les prochaines années. Les exportations libanaises sont encore trop faibles par rapport aux 12 milliards de dollars d’exportations des compagnies turques », estime Hazaa Sherif, le chargé d’affaires libanais à Bagdad. « L’Irak constitue un marché naturel pour les sociétés libanaises. Pendant les années 1980-90, le pays était le premier client du Liban », rappelle Chakib Chéhab. Les Libanais ont en effet l’avantage d’être toujours bien vus par les Irakiens. « Ils sont appréciés : ils parlent le même langage culturel que les Irakiens, tout en étant capables de fournir des produits aux standards européens », raconte Riad Saadé, PDG du Comptoir agricole du Levant, une société spécialisée dans l’agro-industrie. « On fait davantage confiance aux Libanais, qui ont déjà l’expérience d’avoir travaillé dans un contexte de guerre », assure Antonio Vincenti, PDG de la société d’affichage Pikasso. Abbas Fawaz, un promoteur qui construit des hôtels dans le sud de l’Irak, abonde dans le même sens. « Ils ne se mêlent pas de politique, mais parlent seulement affaires. Ils sont beaucoup mieux considérés que les Turcs depuis le début de la guerre en Syrie. »

Incitations à l’investissement et lourdeurs bureaucratiques

Le marché irakien, en plus d’offrir des opportunités, reste intéressant pour les investisseurs étrangers, qui bénéficient d’incitations financières et de privilèges. En 2006, l’État irakien a voté une loi sur l’investissement afin d’attirer les capitaux étrangers. Parmi ses principales dispositions : une exonération de taxes et d’impôts sur une période de dix ans à compter du début des opérations commerciales, une exonération de droits de douane des biens importés aux fins d’investissement, pendant trois ans à partir de la délivrance du permis d’investissement, ou la garantie que les entreprises étrangères ne seront pas nationalisées (voir encadré). En outre, les impôts sur les bénéfices des sociétés sont de 15 %, ce qui reste dans la norme régionale. Pourtant, le manque de transparence et les lourdeurs bureaucratiques représentent encore des obstacles aux investissements étrangers. Dans le dernier classement Doing Business de la Banque mondiale, l’Irak a pris la 169e place sur 189 pays en ce qui concerne la création d’entreprise. « Les procédures d’installation sont longues et complexes. Il est relativement facile d’obtenir une licence d’investissement pour une première agence, mais pour en ouvrir plusieurs, cela s’avère plus difficile », souligne Maurice Iskandar. « Plusieurs banques étrangères sont sur des listes d’attente depuis des mois », confirme Samir Tawilé. « Nous avons besoin de licences d’importations pour nos matières premières et les listes de documents à fournir pour les obtenir changent régulièrement, ce qui complique les procédures », estime pour sa part Shady Khoury. « Il est toujours difficile d’obtenir des permis de résidence ou des visas de travail pour nos employés libanais », explique pour sa part Fadi Yassine, le PDG de Sisi Group. La corruption est également présente à tous les échelons. « Elle peut parfois atteindre 15 % de la valeur d’un projet et est beaucoup plus élevée qu’au Liban, car il faut graisser la patte d’un plus grand nombre d’intermédiaires », ajoute Fadi Yassine.

Désenchantement

La question de l’accès des étrangers à la propriété foncière reste enfin problématique. Afin de limiter la spéculation foncière, les lois fédérales irakiennes ne permettent pas aux étrangers d’acheter des terrains, sauf pour construire des unités résidentielles destinées aux Irakiens. Leur seule option reste donc de louer le terrain du projet pour cinquante ans, une période qui peut être renouvelée par la Commission nationale pour l’investissement ou les commissions d’investissements régionales. « Même si au bout de cette période, on bénéficie d’un retour sur investissement et de quarante années de bénéfices, au final c’est l’État qui reprend la gestion du bien », estime Chakib Chéhab, de Malia Group, qui construit des hôtels au Kurdistan via sa filiale CTI. Au Kurdistan, la loi sur l’investissement est beaucoup plus souple : les étrangers peuvent librement acheter des terrains, à condition cependant qu’ils ne contiennent pas de réserves pétrolières, gazières ou minérales. Confrontés à une série de complications, nombre d’investisseurs libanais en Irak ont fini par déchanter. « Sur le papier, les promesses de gains sont alléchantes, mais la réalité est loin d’être toujours aussi rose », estime Mohammad Chamseddine. « Pour réussir, il faut avoir des partenaires sérieux, faire des investissements importants et ne pas espérer des bénéfices à court terme, insiste le constructeur Abbas Fawaz. Beaucoup de Libanais se comportent comme au Liban ou en Afrique, alors qu’une installation en Irak demande de la préparation et de l’expérience. Une partie d’entre eux a rapidement plié bagage. »

La ruée vers le Sud ?

Même si le phénomène reste encore limité, certaines entreprises libanaises commencent à s’implanter dans le sud de l’Irak, une région à forte croissance économique, et moins dangereuse que la capitale irakienne. C’est par exemple le cas de la Société moderne libanaise pour le commerce (SMLC), qui a obtenu en 2013 la franchise des boissons du groupe PepsiCo pour le sud de l’Irak. « Avec l’exploitation des nombreux puits de pétrole, le pouvoir d’achat local des huit millions de consommateurs du Sud est en constante augmentation », note Shady Khoury, directeur des opérations à la SMLC. Mais ce sont surtout des groupes de construction libanais qui sont présents, dans l’hôtellerie ou le résidentiel, aussi bien à Najaf et Karbala (International Holding) qu’à Nasiriyah, (SEG International) ou encore à Bassora, capitale du sud du pays (Man enterprise). « On parle très souvent du Kurdistan, mais les invendus dans les projets résidentiels s’y multiplient, et la région est saturée depuis deux ans. Dans le reste du pays, tout reste à faire », assure Samir Karam, vice-président de SEG International. La plupart des banques qui ont ouvert des agences à Bagdad et Erbil prévoient d’inaugurer une agence supplémentaire à Bassora dans les deux années à venir, afin de pouvoir suivre leurs clients. Les villes saintes de Najaf et Karbala représentent également des opportunités dans le secteur du tourisme religieux, avec des millions de visiteurs chaque année. « Le Sud a davantage de potentiel que le Kurdistan avec 70 % des ressources pétrolières du pays. Bassora se développe beaucoup depuis cinq ans et est amenée à devenir dans quelques années le Shanghai de l’Irak, estime Mohammad Chamseddine, chercheur à Information International. Mais la société y est plus conservatrice et religieuse que dans le reste du pays, et il n’est pas sûr que les investissements libanais, notamment dans le domaine des loisirs, y trouvent rapidement leur place », relativise le chercheur.

La loi de 2006 favorable aux capitaux étrangers

Pays à économie socialiste et dirigée depuis les années 1970, l’Irak a pendant longtemps offert peu d’opportunités aux capitaux étrangers. La loi sur l’investissement n° 13, promulguée en 2006 et amendée en 2010, a ouvert l’économie irakienne aux investisseurs étrangers en leur offrant un certain nombre de privilèges et d’incitations financières :
- Exonération d’impôts et de taxes sur dix ans à compter de la date du début des opérations commerciales. La Commission nationale d’investissement peut prolonger la durée des exonérations de manière proportionnelle à l’augmentation de la part de l’investisseur irakien pour atteindre 15 ans si cette part est supérieure à 50 %. Il s’agit d’encourager les investisseurs étrangers à conclure des partenariats avec des partenaires irakiens de type société mixte ou joint-venture.
- Exonération des droits de douane sur les importations destinées à la réalisation du projet d’investissement, à condition que leur entrée en Irak soit faite dans un délai de trois ans à compter de la date de la délivrance du permis d’investissement.
- Exonération des droits de douane sur les pièces de rechange importées pour les besoins du projet si leur valeur ne dépasse pas 20 % de la valeur des immobilisations.
- Rapatriement du capital et des dividendes après acquittement des impôts et des dettes au gouvernement irakien.
- Droit d’échanger les actions et les titres cotés en Bourse et de constituer des portefeuilles d’investissement dans les actions et les titres.
- Garantie contre les nationalisations et expropriations.
- Droit d’employer des travailleurs étrangers en l’absence d’une main-d’œuvre locale pouvant occuper le même poste.
- Droit de louer ou d’avoir l’usufruit du terrain nécessaire pour un projet d’investissement, à condition que la durée ne dépasse pas 50 ans, période renouvelable avec l’accord de la Commission nationale pour l’investissement.
- Droit de posséder des terres et des propriétés appartenant à l’État ou au secteur privé, uniquement à condition de construire des projets résidentiels destinés aux Irakiens. Cet amendement a été introduit en 2010 pour faire face à la crise du logement. Avant cette période, les étrangers ne pouvaient pas acheter de terrains en Irak.


dans ce Dossier