C’est encore un vignoble de poche : un hectare seulement est en activité. C’est aussi un vignoble de ville : ses terrasses s’accrochent aux contreforts de la montagne de Harissa, à 250 mètres d’altitude, dans la région de Sahel Alma. De ses hauteurs, on domine tout le golfe de Jounié, avec la mer pour horizon et… des immeubles d’habitations pour voisins. Les premières vignes du Vignoble de Monte-Sito ont été plantées en 2009. Son propriétaire, Youssef Hobeiche, est issu d’une famille de propriétaires terriens, qui ont dominé la région de Ghazir entre le XVIe et le XXe siècle. « Ici, les prix des terrains sont trop chers, autour de 1500 dollars le m2, pour envisager un projet agricole. Seuls les Hobeiche en ont la capacité. Pour eux, c’est une façon de préserver la montagne des appétits immobiliers, d’associer leur nom à un projet « noble » et d’ajouter un atout à la région de Jounié », explique Jean Aoun, qui possède lui-même une petite vigne du côté de Batroun, et conseille « cheikh » Youssef Hobeiche dans la réalisation de Monte-Sito. Pour la seule réhabilitation des terrasses de Sahel Alma, Youssef Hobeiche a engagé quelque 300 000 dollars. Mais le projet est de plus grande envergure encore : 10 hectares supplémentaires viennent d’être plantés dans la région de Zgorta, à Damhé, à une altitude de 450 mètres sur des terres familiales. Deux autres devraient suivre à Faitroun, à 1100 mètres d’altitude, pour les cépages blancs. A Jounié, en plus d’un autre hectare encore en friche, le projet prévoit la réhabilitation d’une vieille demeure de pierres calcaires du XIXe pour fonder une Maison du vin, qui servira de cave au domaine (la cave provisoire étant installée à Faitroun) ainsi qu’un restaurant traditionnel libanais. « Nous sommes ici typiquement dans un climat méditerranéen. Avec deux différences : le golfe, qui tempère la sécheresse de l’été, apportant une brise marine nocturne régulière et la montagne qui retient l’humidité », précise Jean Aoun, qui a finalisé ses études d’ingénieur agronome, au Domaine de Ribonnet, à Toulouse (France).
En 2013, le Vignoble de Monte-Sito n’a produit que 4000 bouteilles. Mais à terme la cave vise 250 000 à 300 000 cols par an. Déjà présents dans les supermarchés de Jounié (Qualiprix, A tout prix…), le vin rouge de Monte-Sito, un assemblage de cabernet-sauvignon, mourvèdre et syrah, est vendu 15 dollars la bouteille. « Monte-Sito est un vin léger, souple en bouche, ce qui s’explique par la jeunesse des vignes. C’est un vin « facile à boire » que nous laissons peu en barriques de chêne : seulement 20 % des jus passent en bois neuf. Quand les vignes seront plus anciennes, On envisagera peut-être de le faire vieillir plus longtemps en barrique. »