Une vague nouvelle déferle sur les administrations libanaises. Lutte contre la corruption ; contrôles sanitaires ; contrôles tous azimuts, etc. Passé le stade de l’étonnement après les “croisades” médiatiques des premiers ministres à se lancer dans l’arène, les Libanais s’interrogent désormais sur les raisons et sur la pérennité de ce phénomène nouveau dans l’histoire politique du pays depuis la fin de la guerre. Car force est de constater que des mesures concrètes sont prises et que le stade de la dénonciation orale des scandales est cette fois dépassé. Des fonctionnaires sont déférés en justice par dizaines, des établissements fermés, des contrats rompus, etc. Dès lors, comment expliquer que ces coups de poing sur la table émanent de représentants du système politique clientéliste qui a lui-même institutionnalisé ces méthodes ? Serait-ce parce que les lignes de partage exactes du pouvoir sont en train d’être redessinées et que chacun tente de pousser son avantage du mieux qu’il peut ? Au ministère des Finances en particulier, l’une des administrations les plus gangrénées par la corruption (douanes, registres fonciers, fisc, etc.), l’opération mains propres en cours est lue par certains observateurs par le seul prisme politique : il s’agirait de changer la coloration politicienne, c’est-à-dire la loyauté de certains éléments-clés de l’administration envers un camp plutôt qu’un autre… Si cette lecture est la bonne, le vent du changement retombera rapidement. À moins que son souffle aille plus loin que prévu, porté par une dynamique propre. Cela supposerait que la justice joue pleinement son rôle d’une part et que les personnes, les corps intermédiaires, la société civile, etc., utilisées initialement comme des leviers parviennent à pérenniser d’une façon ou d’une autre les évolutions. C’est un bien maigre espoir à ce stade.