Avec 11,4 millions de dollars au total, la vente aux enchères qu'organisait le 18 mars Christie's à Dubaï a tenu ses promesses, sans cependant exploser les compteurs. L'an passé, une vente similaire avait comptabilisé 12,4 millions de dollars.
C'est en revanche le jackpot du côté de la collection Mokbel, dont quatorze œuvres étaient mises à l'encan. Treize ont trouvé preneur. Avec un total de 1,6 million de dollars, les tableaux présentés par le couple de collectionneurs libanais, Johnny et Nadine Mokbel, ont crevé le plafond de leurs estimations initiales (+ 45 %) comprises entre 745 000 et 1,1 million de dollars pour l'ensemble.


Parmi ces treize œuvres, le grand gagnant est sans conteste Ayman Baalbaki (né en 1975) dont Babel (2005), une réinterprétation de l'œuvre de Jérôme Bosch, a été adjugée à 485 000 dollars (commission de 15 % comprise). C'est près de 142 % de plus que les évaluations initiales, qui le valorisaient entre 150 000 et 200 000 dollars. Et c'est sans aucune mesure avec le prix que ce couple de collectionneurs a déboursé (7000 dollars) en 2007 à la galerie Agial de Beyrouth pour l'acquérir ! Pour Christie's, Baalbaki est désormais une « véritable star » : « Son travail fait écho à l'identité régionale. Il est désormais considéré comme l'une des grandes voix de la rue arabe. » Ayman Baalbaki rate toutefois de peu le trophée du « tableau le plus cher » de la vente : il est n° 2, à égalité avec une œuvre du Saoudien Abdelnasser Ghanem (1973), juste derrière une œuvre de l'Égyptien Tahia Halim (1919-2003) qui a terminé à 749 000 dollars.


L'autre grand gagnant de cette vente aux enchères est le peintre Paul Guiragossian (1926-1993) dont les Mokbel proposaient huit tableaux. Sa toile Automne (1989) a terminé à 293 000 dollars pour une estimation originelle de 150 000 à 200 000 dollars.


Parmi les autres bonnes surprises de la collection Mokbel, on note la très bonne tenue du peintre Farid Aouad (1921-1982) dont Homo Flux, daté du début des années 1970, a grimpé jusqu'à 149 000 dollars, soit près du double de son estimation catalogue. Mais c'est sans conteste Aref el-Rayess qui a créé la surprise. « Nous prenions un risque, celui de présenter un peintre encore peu connu des marchés internationaux », explique Johnny Mokbel. Le risque a payé : ce paysage marin, aux lumières translucides, est parti à 137 000 dollars quand il était estimé entre 80 000 et 120 000 dollars.
En revanche, aucune des œuvres de Chafic Abboud n'a trouvé preneur.