La banque d’affaires a investi 5 millions de dollars dans l’adaptation cinématographique de l’œuvre de Gibran Khalil.

FFA Private Bank a investi 5 millions de dollars dans l’adaptation cinématographique du livre “Le Prophète” de Gibran Khalil Gibran, un film d’animation sorti début mai au Liban, porté par l’actrice libano-mexicaine Salma Hayek. Cet apport représente 40 % du budget du film de l’ordre de 12 millions de dollars au total. Une somme modeste au regard des productions hollywoodiennes habituelles, dont le tour de table a réuni, outre la banque libanaise, l’Institut du film de Doha, bras armé du Qatar pour ce qui concerne la production cinématographique, et Participant Média, la structure de Jeff Skoll, fondateur (et désormais retraité) d’Ebay. La Financière Pinault, la holding familiale de François Pinault, le mari de Salma Hayek, a également pris une participation.

Pour ce film, FFA Private Bank n’a pas investi en fonds propres comme elle l’avait déjà fait pour des productions libanaises (voir encadré) : la banque libanaise a choisi de proposer ce placement à ses clients, que la banque représente via des contrats fiduciaires. Grâce au mécanisme de la fiducie, la banque investit en son nom, mais agit pour le compte de ses clients, des investisseurs privés, qui ont un droit prioritaire sur les bénéfices du film, en contrepartie de l’acceptation des risques de l’investissement. « Nous sommes la première banque libanaise à investir dans le cinéma américain », explique Jean Riachi, PDG de FFA Private Bank.

D’une manière générale, le cinéma américain offre en effet des opportunités intéressantes. En 2013, FFA Private Bank avait placé quelque 15 millions de dollars (sur un budget total de 84 millions de dollars) dans le blockbuster américain “2 Guns”, mené de main de maître par un Denzel Washington et un Mark Wahlberg survoltés. À sa sortie, aux États-Unis, ce film de gangsters s’était hissé à la première place du box-office américain. À l’époque, Julien Khabbaz, directeur de la banque d’investissement du groupe FFA Private Bank, expliquait au Commerce du Levant que pour ce genre d’opération, « on prévoit un retour sur investissement de l’ordre de 20 % par an pendant trois ans ».

Dans le cas du “Prophète” toutefois, le retour sur investissement est plus difficile à estimer. Film d’animation, à destination du jeune public, l’adaptation cinématographique d’un recueil de poésies est moins grand public qu’un film d’action. « Les investisseurs qui ont participé à ce projet étaient pleinement conscients qu’ils pouvaient essuyer des pertes », précise le banquier, qui poursuit : « Les rentrées peuvent s’étaler sur plusieurs dizaines d’années. Même si la possibilité de revendre les droits à un grand studio de production avant terme existe. »
À Beyrouth, où se tenait l’avant-première, le film était n° 2 lors de ses deux premières semaines d’exploitation. « On attend d’autres pays pour avoir une idée plus précise. » “Le Prophète” doit notamment sortir aux États-Unis au début de l’été.

Pour son premier film d’animation, l’actrice Salma Hayek s’est attaquée à un monument de la littérature et de l’histoire libanaises. À en croire certains sites Internet, “Le Prophète” de Khalil Gibran aurait été lu par plus de 100 millions de personnes dans le monde, ce qui ferait de ce recueil de poésies en prose, écrit en anglais et publié en 1923, le texte le plus lu derrière “La Bible”.

Films libanais

FFA Private Bank n’investit pas seulement dans le cinéma étranger. La banque a également pris part au financement de plusieurs films libanais à petit budget : “Blind intersection” (2012) de Lara Saba, “Ossit Sawani” (“Le temps d’une seconde”) de Nibal Arakji (2013) et “Heritage” de Philippe Aractingi (2014). Dans ce cas toutefois, la banque investit en fonds propres « avec la certitude de perdre quasiment tout notre investissement, car il s’agit davantage de mécénat d’investissement », fait valoir le fondateur et PDG de la banque d’affaires. En parallèle, FFA Private Bank s’implique dans le projet Lux, un programme d’accompagnement et d’aide au développement de longs-métrages libanais, mené en partenariat avec l’Institut français du Liban. Lux fait notamment appel à des professionnels français pour assurer des formations destinées aux jeunes cinéastes libanais. La banque travaille également à la mise en place de mécanismes d’aides, à l’image des dispositions prises par la Banque du Liban pour soutenir la high-tech libanaise grâce à la mise en œuvre de la circulaire 331.