L’association derrière le cinéma Metropolis Empire Sofil a lancé le 19 août un appel à l’aide auprès du grand public. Ce cinéma d’art et d’essai, lieu phare du cinéma indépendant au Liban, a besoin de lever des fonds. Autrement, c’est la fermeture. «Notre budget annuel est de 500 000 dollars. Nous avons besoin de 50 000 dollars pour le boucler, mais cette somme n’assurera pas notre avenir à plus d’un an», explique Hania Mroué, la fondatrice de l’association Metropolis et directrice du cinéma. 

La campagne de dons prendra fin le 1er octobre lors d’un ciné-concert autour du film Variété, réalisé par l’Allemand Ewald André Dupont en 1925. Les tickets sont actuellement vendus 66 dollars (44 dollars en tarif réduit), avec la possibilité d’y ajouter une donation.

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Créée en 2006, Metropolis Cinema Art Association a débuté à Hamra, dans une salle d’une centaine de places, où s’est installé depuis Métro al-Madina. En 2008, les cinémas Empire mettent à sa disposition les deux salles du centre Sofil, en échange de la totalité des revenus de la billetterie et du snack-bar (la société de distribution assume les salaires de la moins d’une dizaine d’employés du cinéma). L’association, elle, doit trouver d’autres sources de revenus pour financer la programmation et les évènements qu’elle y organise. Mais ces financements sont fragiles.

Les fonds publics européens desquels l’association tirait 70 % de ses revenus, sont en baisse. «Jusqu’ici, nous recevions une aide précieuse des ambassades, des ONGs, ou de fonds comme Euromed, ou l’Arab Fund for Arts and Culture (AFAC), explique Hania Mroué. Mais les sommes allouées diminuent, les problèmes humanitaires de la région détournent l’attention des ambassades ou des organisations internationales de la culture», reconnait-elle.

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A cela s’ajoute, dans un contexte de crise économique, la baisse des opérations de sponsoring, qui représentaient environ 7 % des revenus de l’association : la BDL par exemple n’a pas renouvelé son partenariat avec le cinéma au bout de quatre ans.

Quant à la contribution publique, elle est quasi absente. «Théoriquement, l’État contribue au budget annuel de l’association à hauteur de 5 %», déplore la responsable. Mais depuis deux ans, les fonds promis sont bloqués. Dans ces conditions, le mécénat, qui représente environ 10% du budget est crucial. «L’objectif, à terme, est d’avoir un modèle plus pérenne : les ventes de billets, à elles-seules, pourraient subvenir aux dépenses de fonctionnement du cinéma et de l’association, expose Hania Mroué. Pour pouvoir récolter nous-même ces revenus, nous espérons trouver un autre lieu où déplacer nos activités. Nous comptons sur le bouche-à-oreille de cette campagne pour y parvenir.»

Depuis sa création, l’association a projeté plus de 2 000 films et accueillit quelques 800 000 spectateurs.