Un article du Dossier

Start-up : les Libanais à la conquête de New York

Chafic Kazoun a reçu son premier ordinateur à huit ans, de la marque Sakhr (pierre, en arabe). « J’ai commencé à programmer à ce moment-là », se souvient le jeune homme qui a grandi entre l’Arabie saoudite, les États-Unis et le Liban. Sa société B-Line Medical, spécialiste de la simulation médicale, n’est pas réellement une start-up, puisqu’elle est présente dans 18 pays, aux États-Unis, au Canada et en Europe emploie 65 personnes et compte 500 clients. Mais c’est l’une des success stories technologiques libanaises aux États-Unis. Son fondateur, longtemps basé à Washington DC, a emménagé à New York il y a deux ans, pour y développer de nouveaux projets.
À 25 ans, alors qu’il était installé à Washington DC, Chafic Kazoun, autodidacte de la programmation, s’était fait repérer par la société B-Line Express, spécialisée en solutions utilisateurs Internet, qui le recrute pour superviser tous ses projets ayant une composante Flash. Ce logiciel de la société Adobe qui permet entre autres de visualiser certaines vidéos sur le Web n’avait plus de secret pour le jeune homme. Lorsqu’il étudiait encore au Liban, à l’AUB, entre 1996 et 2000, il s’était fait connaître de la communauté tech internationale en étant l’unique testeur Beta au Moyen-Orient de Flash. « J’avais une facture téléphonique de 500 dollars par mois, s’amuse-t-il, et parfois Adobe m’envoyait de nouvelles versions de Flash, alors que je n’avais pas fini de télécharger la précédente, en raison de la lenteur de la connexion Internet. » Chafic Kazoun choisit finalement de quitter le Liban où « il n’y avait pas suffisamment de défis à relever » et travaille sur de nombreux projets Flash. Il intervient dans des conférences, écrit un livre – il écrira un second alors qu’il crée sa société –, effectue des missions de conseil et se fait embaucher par B-Line Express.
C’est avec le patron de cette société, qu’il lance en 2005, en fonds propres, B-Line Medical, une société qui vend des logiciels de simulation médicale permettant aux professionnels et éducateurs du secteur de la santé d’améliorer leurs services en capturant, visualisant et analysant les données des soins qu’ils dispensent. L’idée est née d’une mission de B-Line Express dans une université médicale où ils se sont rendus compte des besoins en logiciels de ce genre
Le concept séduit. « Nous avons 7 des 10 plus grandes universités médicales aux États-Unis dans notre portefeuille de clientèle, dont John Hopkins et l’Université de Cornell aux États-Unis. Plus de 50 % des étudiants en médecine sont formés via nos plates-formes. »
Tout récent, le marché de la simulation médicale est estimé à un milliard de dollars aux États-Unis. Mais son potentiel de croissance est très grand. « Même dans ce pays leader du secteur, le recours à cette technologie n’est pas encore obligatoire. Lorsque cela le deviendra, dans cinq à dix ans, notre société prendra plus de valeur », explique Chafic Kazoun.
B-Line Medical a deux gros principaux concurrents, mais affirme être le leader en termes de nombre de clients, sans toutefois divulguer son chiffre d’affaires. Elle commercialise deux produits : LiveCapture, destiné aux hôpitaux soucieux d’améliorer leurs programmes de qualité internes, et Sim Capture, le logiciel de simulation médicale, qui représente la quasi-totalité des revenus de la société, et pour lequel Kazoun a obtenu un brevet. Le prix moyen du logiciel est de quelques dizaines de milliers de dollars par mois. « Nous sommes les plus chers du marché, mais nous avons le plus grand taux de rétention de clients. »
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