Fondateur de la start-up Save, Damien Morin a fait de la réparation de portables une activité qui pèse déjà 18 millions d’euros.
À tout juste 25 ans, les ambitions de ce chef d’entreprise français
d’origine libanaise ne s’arrêtent pas là.
Lorsqu’il a voulu se lancer, Damien Morin a été voir sa famille pour trouver la mise de départ. Il avait 22 ans et leur proposait d’investir dans un projet de boutique de réparation de téléphone. Il en rit encore, assis sur l’un des fauteuils du vaste local de Save dans le 2e arrondissement de Paris : « Mes parents m’ont répondu que j’avais la folie des grandeurs et que je devais accorder la priorité à mes études ! » Le jeune homme n’a pas renoncé malgré le refus de son père français, ingénieur en informatique, et de sa mère libanaise. En 2014, Save, spécialiste de la réparation de portables et de tablettes, comptait 25 employés et faisait 900 000 euros de chiffre d’affaires annuel. En 2015, Save compte 420 salariés, pour 18,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. Le PDG de 25 ans, qui préfère le jeans au costume-cravate, prévoit de monter à « 2 000 salariés en 2016 ».
Enfant de la diaspora libanaise – « j’ai de la famille à Shanghai, New York et à Madrid ! » – Damien Morin est aussi « un passionné de technologie ». Il a fait de la programmation sous DOS dès l’enfance. « Mon activité est partie de là. Quand j’étais adolescent, tandis que mes amis faisaient du baby-sitting, moi je réparais les ordinateurs de mes proches en échange d’un petit billet. » Il a d’ailleurs formé lui-même la première génération de techniciens réparateurs de Save. « Nous cherchons des profils de vendeurs, qui ont la passion des produits. Nous les formons ensuite dans une école interne. »
À défaut d’aide familiale, Damien s’est tourné vers un ami issu de la famille Peugeot, pour financer sa première boutique. La petite entreprise bénéficiait alors d’une loi française sur les services à la personne. « Une vraie opportunité fiscale. La moitié de nos prestations était déductible des impôts et nous étions assujettis à une TVA réduite de 5,5 %. » Damien Morin mène alors de front sa nouvelle activité et des études à l’étranger, au sein de la European Business School.
Même pilotée à distance, Save prend vite de la vitesse. La start-up, incubée au sein de l’écosystème The Family cofondée par le Franco-Libanais Oussama Ammar, enregistre une croissance de 20 à 30 % par mois. « The Family nous a apporté le réseau et des contrats avec d’importantes sociétés », souligne Damien Morin. Save se positionne alors sur un créneau inédit. « Avant, il fallait se fier aux petites boutiques à la limite de l’amateurisme. Nous avons transformé un métier de bidouille en une activité carrée et marquetée », précise le jeune PDG. Les “corners”, ces points de vente situés dans les centres commerciaux sont organisés autour du confort du client. « Nos trois propositions de valeur sont le prix, la qualité du service et la rapidité de la réparation en moins de 20 minutes, effectuée sous les yeux du client. »
L’été dernier, la start-up a annoncé une levée de fonds de 15 millions d’euros, auprès de 360 Capital Partners, Idinvest Partners et de “business angels” comme Xavier Niel. Et le développement à l’international sera le grand chantier de Save en 2016. En Europe, de l’Angleterre à la Pologne, puis en Chine et aux États-Unis l’année prochaine. L’entreprise se prépare aussi aux défis d’un futur plus lointain. « Nous sommes condamnés à évoluer. D’ici peu, des évolutions technologiques pourraient rendre les téléphones moins fragiles et notre activité obsolète. » L’objectif à long terme de Damien Morin est de pouvoir réparer n’importe quel objet connecté, des ordinateurs aux montres connectées, n’importe où dans le monde.


