Dans l’enquête sur les « Panama Papers », si le Liban est rarement cité au premier rang des pays bénéficiaires de la manne offshore, cela ne signifie pas qu’il est en est absent.

Loin s’en faut : quelque 486 entreprises libanaises seraient en fait concernées par le scandale. Une trentaine de clients libanais ayant bénéficié de montages offshore fournis par les services du cabinet panaméen Mossack Fonseca, spécialiste de la domiciliation des sociétés offshore, dont les données « volées » sont au cœur du scandale des Panama Papers.

L’analyse des 11,5 millions de documents « volés » au cabinet panaméen, que la presse mondiale dévoile au fur et à mesure depuis le 3 avril dernier, révèle également que 131 personnes installées au Liban auraient bénéficié des services du cabinet. Le nom de 624 actionnaires d’origine libanaise figureraient en plus dans ces montages financiers offshore.

C’est en tout cas les chiffres que l’on peut donner en étudiant la cartographie, organisée par le journaliste Brian Kilmartin du Irish Times, et accessible sur le site briankilmartin.cartofb.com.

Pays par pays, ce reporter a listé l’ensemble des individus et des entreprises impliqués dans le scandale des Panama Papers. A titre de comparaison, le même site recense quelque 1156 sociétés impliquées en Jordanie (pour 13 clients); 663 en Israël (pour 53 clients). Le plus grand nombre se situant aux Emirats arabes unis (7271 entreprises recensées et 85 clients) et à Chypre (3636 entreprises recensés, 109 clients).

La presse internationale s’est en priorité concentrée sur des cas exemplaires comme celui du président russe Vladimir Poutine. La finance offshore lui permet de détourner les deniers publics à son profit, si l’on en croit les révélations du quotidien français Le Monde.

Dans la région, la consortium de journalistes qui a mené cette énorme enquête de plus de 9 mois, a donné quelques noms de dirigeants ou d’hommes proches des différents pouvoirs régionaux : on a ainsi vu le nom de Rami et Hafez Makhlouf, cousins de Bachar el-Assad ou encore celui de Salmane ben Abdelaziz Al-Saoud, le roi d'Arabie saoudite depuis 2015, sortir dans les colonnes de différents journaux.

Toutefois, à l’exception du nom de Ziad Takieddine, un « intermédiaire » franco-libanais cité plusieurs fois dans des grands contrats d’armement douteux entre la France, l’Arabie saoudite ou le Pakistan, le Liban semblait étrangement absent de ce gotha de la finance offshore. 

On sait cependant désormais que d’autres sont impliqués : le premier nom à circuler, cité par le site d’informations Al-Arabiya.co.uk, est celui de Mohammed Hachem el-Soufi, un homme d’affaires syro-libanais, actionnaire d'Ebla Trade Services S.A., une compagnie offshore libanaise, sous le coup de sanctions américaines depuis 2015 pour avoir fourni du gaz et servi de « soutien à la machine répressive syrienne. »

Selon ce même site, 13 actionnaires libanais et syriens figurent comme signataires sur le registre de commerce libanais où la société EBLA Trade Services est inscrite.

Parmi eux, les syriens Ahmad et Amro Saber, les deux fils de Mohammed Hamsho, propriétaire de Hamsho International Group, une structure elle-même sous sanctions américaine et européenne depuis 2011 pour servir de relais financier au régime syrien. Mohammed Hamsho figure en effet dans le cercle restreint des proches de Bachar al-Assad et de son cousin Rami Makhlouf.