Lancée en 2013, Eqlim, l’entreprise libanaise d’analyse de données en temps réel, entre dans sa première phase de commercialisation et recherche de nouveaux investisseurs. Hassan Alassaad et Jihad Touma partagent une obsession : trouver des solutions mathématiques aux problèmes humains. Le premier est architecte, le second professeur d’astrophysique ; ils lancent en 2013 Eqlim, une start-up qui propose à ses clients de faciliter leur gestion des risques grâce à un flux de données analysées et délivrées en temps réel.
Leur idée naît en 2011. À l’époque, le Moyen-Orient entre dans une nouvelle phase de crises et Hassan Alassaad gère de gros investissements en infrastructures dans les pays du Golfe. « Nous consommions beaucoup d’informations et d’expertise pour tenter d’analyser les risques liés à nos chantiers », explique-t-il. Avec le développement d’Internet, la masse d’information disponible est immense, mais difficile à lire. Les principaux cabinets de consultance et d’évaluation de risques sont basés en Occident, ils s’appuient sur une expertise humaine lointaine. Hassan Alassaad y voit une opportunité. « Il y avait de la place pour créer un service basé sur des algorithmes enrichi d’un savoir humain localisé », dit-il. Ce service c’est Eqlim, une start-up qui permet de surveiller en temps réel les événements susceptibles de perturber les échanges économiques internationaux.
Fuite sur un puits de pétrole, explosion près d’un point de passage frontalier, grève du personnel d’un port de commerce… Hassan Alassaad et Jihad Touma collectent toutes ces informations grâce à un logiciel qui capte les données sur Internet en quinze langues puis les organisent, les cartographient et les restituent à leurs clients de manière lisible. Leur modèle économique, qui ne permet pas encore aux fondateurs de dégager des profits, repose sur un abonnement annuel personnalisable (fil d’infos, visualisation, graphiques, alertes e-mail…) dont les tarifs sont tenus secrets.
Pour se donner les moyens de leurs ambitions, ces passionnés de Big Data ont d’abord recours à des “angel investors”, dont ils préfèrent taire les noms, pour un montant de 400 000 dollars en 2013 et 600 000 dollars en 2015-2016, ainsi qu’à un prêt Kafalat à hauteur de 200 000 dollars en 2014. Cet argent a permis à Hassan Alassaad et Jihad Touma de développer leur logiciel et d’embaucher huit personnes à Beyrouth ainsi qu’une dizaine d’analystes à l’étranger.
Aujourd’hui, Eqlim entre dans sa première phase de commercialisation. Les clients ciblés appartiennent à deux catégories : les agrégateurs d’information à grande échelle, type agences de presse ou les sociétés d’expertise, et ceux qui souhaitent limiter les risques pour eux-mêmes, essentiellement les entreprises ou institutions des secteurs hydrocarbures, logistique, assurance, défense, transport, télécoms, fonds d’investissements… Si l’entreprise ne souhaite pas communiquer sur le nom de ses clients actuels, elle affirme travailler avec « un petit nombre de gros acteurs, basés en Europe ou aux États-Unis ».
Pour poursuivre son développement, Eqlim cherche actuellement à attirer des investisseurs en capital-risque pour un montant non communiqué. D’ici à la fin de l’année, l’entreprise souhaite doubler sa masse salariale et accélérer ses opérations de marketing. À terme, Eqlim souhaite aussi affiner son expertise et se rapprocher de ses clients en ouvrant des bureaux à l’étranger.