Entretiens d’embauche sur Skype, e-commerce et banque en ligne... Le numérique fait aujourd’hui partie intégrante de notre quotidien. Pourtant, Thomas Rigaudeau a une conviction : les algorithmes ne peuvent pas tout remplacer. « À un moment donné, le contact humain est indispensable », dit-il.
C’est à partir de ce constat que ce jeune Français, fils de Libanaise que la loi empêche de transmettre sa nationalité, crée Vis.io, une start-up qui propose de réintégrer le contact audio-vidéo dans les échanges numériques. Vis.io peut s’utiliser en conversation à deux, jusqu’à huit en conférence et jusqu’à 1 000 en Webinar (huit intervenants et 992 auditeurs).
Si Thomas Rigaudeau n’a rien inventé avec la visioconférence, son produit se distingue par sa facilité d’intégration. Vis.io vient se greffer directement sur les outils de l’utilisateur, sans qu’il ait à télécharger une application ou à ajouter des amis. Deux sous-produits de la marque, commercialisés à partir de septembre, illustrent bien cela : le Light Call et le Click to Call. Avec le Light Call, l’utilisateur tape un numéro de téléphone, la personne reçoit un SMS, elle clique et la communication se déclenche. Avec le Click to Call, Vis.io permet d’intégrer un bouton sur un site qui met directement en ligne l’utilisateur avec un assistant, comme dans une vraie boutique. « En trois lignes de code, vous intégrez de la relation humaine sur votre plate-forme », résume le fondateur.
Autre avantage compétitif : un protocole de transmissions de données en Peer to Peer. Contrairement à ses concurrents bien connus comme Skype, Hangout ou même Facebook, Vis.io ne passe pas par un serveur. « Nos communications se font sans intermédiaire, ce qui nous permet de répondre aux exigences de sécurité et de confidentialité des grands groupes, assure Thomas Rigaudeau. Cela fait aussi de nous le service le moins cher du monde, car les frais de serveur sont souvent très élevés. »
Pour Thomas Rigaudeau, l’aventure commence en 2013. Le jeune homme né au Liban est alors étudiant en France, quand il lance un premier produit pilote avec le soutien de deux associés qui investissent 100 000 euros. Vis.io est alors spécialisé uniquement sur le secteur du déménagement. En quelques mois, la start-up atteint les 100 utilisateurs, parmi lesquels le leader du marché, AGS Mobilitas. « Nous avons choisi un secteur qui a peu d’appétence à la technologie en guise de test, en se disant que si ça marchait, on pourrait alors construire un produit universel », se souvient l’entrepreneur.
À ce moment-là une levée de fonds s’impose. Thomas Rigaudeau cherche 500 000 euros qu’il trouve auprès d’investisseurs privés à Paris. « J’ai dû pitcher 200 fois, car je voulais garder la maîtrise sur les investisseurs que j’allais faire rentrer. Je manque d’expérience, donc il faut que je m’associe avec des gens qui en ont pour qu’ils me conseillent », explique-il. Lancé en février 2016, Vis.io compte aujourd’hui plus de 3 000 utilisateurs qui testent la plate-forme gratuitement. Dès septembre, Vis.io se lance en version payante : 9 dollars par mois pour une version Premium comprenant les visioconférences, le Webinar, le Click to Call et le Light Call, ainsi qu’une version Entreprise à 19 dollars par mois qui comprend les mêmes services que la version Premium avec en plus l’intégration sur n’importe quelle plate-forme.