« Je ne possède plus de voiture depuis quinze ans », dit Anwar Sukkarié, PDG de l’entreprise LoopShare, qui s’apprête à lancer le premier scooter électrique partagé au Liban. Amoureux de transports en commun, cet ingénieur libanais a testé trains, bus, métros et voitures partagés à travers le monde avant d’inventer son propre véhicule. Selon lui, il n’y a pas de doute, la meilleure façon de faciliter les déplacements dans les zones urbaines congestionnées est d’optimiser l’espace disponible. « On ne peut plus avoir une voiture de quatre ou cinq places pour une personne, il faut des véhicules adaptés à l’individu, c’est pourquoi nous avons imaginé un système de scooters électriques partagés », explique-t-il.
Ce concept, c’est Loop, un petit deux-roues orange avec un moteur de 50 cm3. Une formidable aventure, qui a commencé en 2011 à Vancouver, au Canada. Anwar Sukkarié, qui avait déjà travaillé dans le secteur des nouvelles technologies avec sa précédente entreprise (Web Tech Wireless, spécialisée en télématique et valorisée à plus de 480 millions de dollars à la Bourse de Toronto), crée LoopShare. Rapidement, la start-up attire plus de sept millions de dollars d’investissements de la part de particuliers et de fonds d’investissements américains, asiatiques et européens. Après des années de recherche et développement, Loop se lance enfin sur le marché au Canada, au Liban et aux États-Unis. Un modèle unique, à la croisée des chemins entre transport public, covoiturage et VTC.
Pour louer un Loop, il faut s’abonner. Les utilisateurs, munis d’une carte bancaire et, pour des raisons d’assurance, d’un permis de conduire, enregistrent leurs données en ligne. Ils choisissent entre deux modèles d’abonnements : un mensuel à 15 dollars ou un au coup par coup à 0,5 dollar le kilomètre.
Une fois l’enregistrement terminé, l’application smartphone signale le Loop disponible le plus proche. Si vous le réservez, vous recevez alors un code secret à quatre chiffres qui servira à ouvrir le coffre dans lequel se trouve le casque, à clipper pour faire démarrer le véhicule. La batterie peut ensuite vous porter sur une distance maximale de 50 km et le voyage terminé, vous pouvez vous garer où vous voulez. Dans le cas du Liban, les lieux de ramassage et de dépôts seront désignés, essentiellement au niveau des stations-service.
« Quand je suis à Beyrouth j’utilise les services, les minibus, les vans et je suis certain que la façon la plus pratique de se déplacer dans cette ville c’est le deux-roues », explique le PDG. Pour conquérir le marché libanais, Anwar Sukkarié a reçu le soutien de Berytech, qui a investi 1,3 million de dollars dans son projet.
La technologie développée par Anwar Sukkarié est intégrée à la chaîne de production du fabricant de scooter électrique. Les Loops, dont l’inventeur ne souhaite pas communiquer le coût de fabrication, sont ensuite exportés à travers le monde, le Liban en a pour le moment reçu une trentaine. Dans chaque pays, LoopShare établit un partenariat avec un représentant local, appelé “zone operator”, à qui il vend les scooters 2 800 dollars pièce.