L’artiste Zad Moultaka représentera le Liban à la prochaine Biennale de Venise. Financé intégralement par des fonds privés, son projet de pavillon libanais a nécessité une levée de fonds de quelque 800 000 euros, toujours en cours.
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Structure professionnelle
Cet exploit, le Liban le doit à une équipe franco-libanaise, dirigée par les galeristes Nadine Begdache côté libanais et Nadine Fattouh côté français. En tout, une quinzaine de personnes, dont une dizaine spécialisées dans les levées de fonds, ont pris sur leur temps afin de permettre au Liban de participer à la Biennale de Venise. « C’est la première fois qu’une structure professionnelle de financement se met en place pour permettre à pareil projet d’exister », fait valoir l’avocate Chiara Poggi-Ferrero, dont le cabinet gère les aspects juridiques et fiscaux. Dans le passé, le Liban était venu à Venise avec une exposition collective en 2007 et la présentation d’une œuvre d’Akram Zaatari en 2013. « Sauf erreur, c’est aussi la première fois que Venise accueille une création originale libanaise, pensée pour son espace. »
Financements privés
« L’État libanais nous soutient moralement, mais n’apporte aucune contribution financière, ce qui nous a contraints à aller vers un autre modèle économique », précise encore l’avocate. À défaut, l’équipe a donc fait appel aux financements privés. Le projet a ainsi bénéficié du soutien de grandes institutions libanaises comme la Bank Audi, la Banque Libano-Française la Bemo Bank ou l’ABC. Elle a également reçu le soutien de grands mécènes ou de sponsors de la diaspora libanaise en Europe, à l’image de la Fondation Boghossian… De manière peut-être plus surprenante, le projet a aussi bénéficié de l’appui de mécènes français. « Notre principal contributeur se trouve être un Français, sans rapport avec le Liban, mais fidèle du travail de Zad Moultaka. »
Aucun des contributeurs ne bénéficie a priori d’avantages fiscaux : « Du fait de la multiplicité des juridictions engagées, nous n’avons pas pu faire valoir l’avantage d’une déduction fiscale possible, précise Chiara Poggi-Ferrero. L’avantage est avant tout en terme d’image de marque et de communication. » Les onze principaux sponsors devraient figurer sur le catalogue de la Biennale. En parallèle, depuis début février une nouvelle campagne de financement participatif a démarré, destinée cette fois à des particuliers qui souhaiteraient apporter une contribution de moindre envergure. « Chaque don compte. Nous nous battons pour rappeler que le Liban est un acteur incontournable de la scène artistique contemporaine, insiste Alia Atieh. Et Venise est ce lieu. »