Antwork est à la fois une plate-forme Internet et un espace de travail partagé qui a récemment ouvert ses portes dans le quartier Spears à Beyrouth. Un projet qui s’inscrit parfaitement dans le modèle de l’économie collaborative, ou économie de partage, fondée sur la mutualisation des biens, des espaces, des outils et des savoirs. Il a été pensé par Zina Bdeir Dajjani, ancienne directrice associée de DNY Ventures, un groupe qui englobe plusieurs sociétés de nouvelles technologies, fondé par son époux Tarek Dajjani. « Après avoir dirigé une compagnie de développement immobilier, j’ai rejoint DNY en 2014 pour m’occuper du volet administratif, logistique et financier, raconte-t-elle. J’étais séduite par le dynamisme du secteur, porté par la circulaire 331. Mais lorsqu’il a fallu chercher de nouveaux bureaux, je me suis rendu compte à quel point le marché était inadapté aux start-up. Les locaux disponibles et les frais associés étaient disproportionnés par rapport à leurs besoins. » Cette architecte de formation planche alors sur un projet qui répond à deux impératifs : économie et flexibilité. « J’ai d’abord cherché à réduire les coûts en maximisant l’utilisation des actifs, que ce soit l’espace ou les équipements. » Grâce à des fonds propres et une contribution de DNY, Zina Dajjani loue deux immeubles dans le quartier Spears, d’une surface totale de 5 000 mètres carrés, qu’elle réhabilite pour pouvoir y accueillir 500 personnes en même temps. Le lieu, baptisé Antwork, comprend des bureaux individuels, des bureaux partagés, des espaces communs, des salles de réunions, une salle de projection, une cuisine, un jardin, un toit… Le tout pouvant être loué à l’heure, au jour ou au mois, en fonction des besoins. « L’idée est de permettre aux start-up, ou aux travailleurs indépendants, d’évoluer sans les contraintes habituelles de la location et de la gestion administrative des locaux », explique-t-elle, en assurant que les prix sont « très compétitifs par rapport à l’offre traditionnelle, si l’on inclut l’ensemble des prestations ».
Mais Antwork « n’est pas qu’un projet immobilier, souligne Zina Dajjani, c’est surtout une plate-forme Internet ». Pour le moment, le site et son application mobile permettent aux utilisateurs d’accéder à des services sur mesure liés à la location de bureaux, comme la réservation des salles, la location de meubles, l’utilisation des imprimantes, l’entretien des bureaux, etc. Ils permettent aussi d’entrer en relation avec des professionnels de tous bords, qui peuvent s’inscrire gratuitement. Mais l’objectif, à terme, est d’en faire un “working cloud”, une plate-forme qui offre une multitude de services et d’outils professionnels à la demande : facturation, comptabilité, services juridiques, design, prototypage, gestion des relations clients, ressources humaines… Ces outils seront développés en interne ou à travers des prestataires tiers, logés sur la plate-forme. Le site pourrait également héberger d’autres espaces de travail partagés. « La communauté Antwork est appelée à croître de manière exponentielle, affirme Zina Dajjani, en visant un objectif ambitieux d’un million de membres dans cinq ans. La plate-forme réunira les nouveaux et anciens locataires des espaces partagés à Beyrouth et éventuellement ailleurs, mais aussi les indépendants et les jeunes entreprises, au Liban ou à l’étranger, qui veulent limiter leurs coûts fixes en externalisant certaines fonctions. » La réflexion sur les meilleurs moyens de monétiser cette communauté viendra dans un second temps, ajoute-t-elle. Pour le moment, Antwork, elle-même une start-up d’une quinzaine d’employés, cherche à lever des fonds de série A.