Début juillet, un accord commercial a été signé entre trois producteurs libanais et une « importante agence d'État chinoise », dont le nom n’a pas été communiqué, selon la Fransabank, qui a mené les négociations en coulisse. 

Le contrat concerne l’huile d’olive Genco, une marque fondée en 2014 ; les vins de château Ksara ainsi que les savons du fabricant Saïd Saïfan.

Ni les volumes ni les montants de cette première transaction jamais réalisée avec une société publique chinoise n’ont été dévoilés. Toutefois, la Fransabank, dont le président Adnan Kassar a été l’un des précurseurs du commerce en Chine, à partir des années 1960, assure que cette première commande a valeur de test et devrait déboucher sur des relations plus pérennes.

« Jusqu’à présent, les produits libanais n’ont guère réussi à pénétrer le marché chinois. La faute à un « Made in Lebanon » caractérisé par de faibles volumes et des coûts de production relativement onéreux. Or, les importateurs chinois recherchent l’exact contraire : de gros volumes à bas prix », explique encore Dania Kassar de la Fransabank.

Ce qui explique que le Liban affiche un énorme déficit du commerce avec l’empire du milieu : en 2016, les importations chinoises totalisaient un peu plus de 2 milliards de dollars tandis que les exportations libanaises en Chine restaient, elles, dérisoires, de l’ordre de 7 millions de dollars !

Pour limiter l’accès à son marché, Pékin applique en particulier des droits de douanes prohibitifs, s'étalant de 10 % à plus de 45 % sur près de 1 400 lignes de produits.

Outre des droits de douane de 14 %, l’importateur de vins doit ainsi encore s’acquitter d’une TVA de 17 % et d’une taxe à la consommation de 10 %. Même principe du côté des produits à base d’huile d’olive, pour pénétrer le marché chinois, les fabricants doivent payer des droits de douane (10%) ainsi qu’une TVA allant de 13% (savon) à 17 % (huile).

« Le marché est sévèrement restreint en Chine. Même s’il existe des sociétés privées, plusieurs segments sont monopolisés par des entreprises d'Etat dont l'accès est difficile. Or, ces entreprises ont une plus grande marge de manœuvre en ce qui concerne les dispositions réglementaires ou les autorisations requises de mise sur le marché », précise Dania Kassar, qui poursuit : « Trouver un importateur de cette prestance signifie avoir le soutien nécessaire pour l’ensemble des procédures à mettre en œuvre ainsi que la capacité d’augmenter nos exportations dans toute la Chine, et non plus seulement s'en tenir à une zone spécifique comme c’est la cas avec une entreprise privée. »

Pour Genco et Saïd Saïfan, il s’agit de la première commande jamais signée en Chine. Château Ksara, en revanche, y expédie une partie de sa production depuis 2012, mais « à une faible cadence » selon son directeur commercial, Elie Maamari.