Le gouvernement a approuvé le 12 octobre la nomination des 71 membres du Conseil économique et social, paralysé depuis quinze ans. À l’heure de passer sous presse la décision n’avait pas encore été publiée au Journal officiel, mais l’homme d’affaires Charles Arbid était d’ores et déjà pressenti à la présidence. Roger Nasnas devrait donc quitter l’institution qu’il présidait par intérim depuis 2002. Entretien bilan. 

Quel est le rôle et l’importance du Conseil économique et social ?

Prévu dans l’accord de Taëf, le CES a été constitué en 2000 avec la mission d’instaurer un dialogue économique et social, permettant d’assurer la contribution et l’adhésion de la société civile aux politiques économiques et sociales de l’État. Cet organisme a pour rôles de conseiller l’exécutif dans le domaine économique et/ou social, et de développer la coopération entre les différents acteurs privés et publics.

À ses débuts, fin 2000, le CES avait mis en place huit comités et a abordé divers sujets sensibles à l'époque : l'enseignement supérieur privé, la Sécurité sociale et la pension de fin de service, ainsi que l'intégration et le développement des entreprises industrielles, l’amélioration de la productivité, le développement de la production agricole, en plus du problème de la dette du Liban et de ses conséquences sur les secteurs productifs.

Le mandat de la première et dernière assemblée générale a expiré en 2003. Qu’a fait le Conseil depuis ?

À la demande des autorités, j’ai continué à exercer mes fonctions de président.

Sur le plan local, nous avons organisé des conférences et des ateliers de travail, et en 2007 j’ai pris l’initiative d’élaborer une vision économique et sociale moderne pour le pays, avec l’aide d’une équipe de professionnels et d’experts. Ce travail a abouti à la publication, il y a un an, d’un livre intitulé “Le Liban de demain, vers un développement économique et social”, qui servirait de prélude au dialogue.

Sur le plan extérieur, j’ai toujours cherché à préserver le rôle du Conseil libanais parmi les 72 Conseils économiques et sociaux dans le monde. Au cours des dernières années, nous avons assisté à des conférences et des réunions avec les Conseils économiques internationaux, euro-méditerranéens et francophones. Nous avons contribué à l’établissement de la ligue des Conseils économiques et sociaux arabes, que je préside actuellement, et dont l’objectif principal est de promouvoir la coopération entre les Conseils économiques et sociaux (et les institutions similaires) dans les pays arabes et soutenir la création de nouveaux conseils dans les pays arabes qui n’en n’ont pas.

Par ailleurs, j’ai plaidé auprès des CES des différents pays euro-méditerranéens en faveur de la création d’un Conseil économique et social pour la Méditerranée, une initiative reçue favorablement par le Conseil européen.

Quel rôle peut jouer, selon vous, la société civile ?

Mon élection à la tête du Conseil économique et social en 2000, après avoir présidé le Rassemblement des dirigeants et chefs d’entreprise libanais (RDCL) pendant plus de huit ans, m’a rendu plus proche de la société civile, de ses problèmes et de préoccupations, et cela m’a convaincu de la nécessité du dialogue. Je crois profondément en un véritable partenariat entre la société civile et l'État. Je pense que les organisations économiques, les syndicats, les professions libérales, les associations, et autres acteurs de la société connaissent le terrain et bénéficient d’une expérience dont l’État a tout intérêt à profiter.

C’est pour cela que j’espère que ce nouveau Conseil sera doté des moyens nécessaires pour remplir son rôle et participer activement à l’élaboration des politiques économiques et sociales du pays.


Les principaux membres du Conseil

Parmi les représentants du patronat figurent Georges Nasraoui et Chawki Daccache pour l’industrie, Mohammad Choucair et Adnan Rammal pour le secteur commercial, Mansour Bteich et Mazen Soueid pour les banques, et Max Zakkar pour les assaurances.
Parmi les représentants des salariés figurent Béchara Asmar, Saadeddine Sakr, Sadek Alaouiyé, Christian Bassil, Oussama Khansa, Bassam Tleiss, Mohammad Qassabiyé, Fady Andréa, Ismat Abdel Samad, Majed Seayfane, Mohammad Codsi et Hassan Faqih ; quant à Charles Arbid, Farid Boustany, Salaheddine Osseirane, Noura Pairavedarian, Marie-Louise Baboyan, Hazmig Dantziguian, Ali Ahmad Mouass, Fadi Alamé, Greta Saab et Andrée Aour, ils ont été nommés en tant que représentants des intellectuels et des experts.