Quand ils ne découpent pas des journalistes dans des sous-marins, les Danois figurent, dit-on, parmi les humains les plus heureux. Car ils ont pour eux un avantage décisif : le hygge. Sans traduction en français (ou dans les autres langues même), cet énigmatique vocable désigne en fait « un art de vivre » à la scandinave : bien au chaud, chez soi, alors que l’hiver, la neige et le froid s’abattent sur les maisons scandinaves.

« C’est une longue période, pendant laquelle nous passons la majorité du temps chez nous, en famille ou avec des amis que l’on invite, d’où l’importance de la décoration pour les Danois, mais aussi des notions de partage et de solidarité », expliquait au Monde, en 2016, une Danoise à Paris. Le hygge ne demande guère d’aptitudes particulières : il s’agit de se laisser vivre en se concentrant plutôt sur un intérieur bien douillet. Le hygge alors nous enseigne à privilégier les sentiments de confort, de chaleur, de convivialité.

Vous rêvez de plaids en cachemire, de feux de cheminée et d’un verre de vin ? Du hygge, vous dit-on ! Vous préférez inviter vos amis à la maison plutôt que de se retrouver autour d’une table dans un resto trop bruyant, où la cigarette n’est, de toutes les façons, toujours pas interdite ? Encore du hygge ! Si vous faisiez du hygge sans le savoir, il prend aujourd’hui une nouvelle signification au Liban. Il apparaît aussi comme un remède pour lutter contre ce sentiment de dépression qui nous saisit quand les informations annoncent un énième rebondissement politique entre Saoudiens et Iraniens. Serait-ce une façon de ne rien vouloir voir ? La journaliste britannique, Hélène Russel, qui a écrit un livre sur l’art de vivre à la danoise “The Year of Living Danishly”, se veut sans équivoque : il ne s’agit pas d’ignorer les problèmes, mais de savoir mieux et quand les affronter. Une forme de résistance, de “soumoud” introspectif somme toute. Et ça au Liban, on connaît.