Tout pour la privatisation… mais dans les règles de l’art. Une intervention remarquée a été prononcée à ce propos au Parlement. Son auteur l’a développée pour Le Commerce du Levant.

De nombreuses raisons justifient le recours à la privatisation :
• Les avantages dont pourront bénéficier l’économie libanaise et les consommateurs. Et pour cause, le coût élevé des services au Liban a entraîné la hausse du coût de production qui a largement dépassé celui des pays voisins, hypothéquant du coup notre compétitivité.
• L’amélioration de la qualité et de l’efficacité des services. En effet, les progrès technologiques se succèdent à un rythme accéléré que seul le secteur privé est capable d’affronter.
• Le drainage de nouveaux capitaux susceptibles de renforcer les services publics tels que les télécommunications, l’énergie, les transports et l’eau. Les investissements nécessaires se chiffrent à plusieurs centaines de millions de dollars annuellement et dépassent les capacités du Trésor.
• L’augmentation des revenus et, par conséquent, l’amélioration des finances publiques. Objectif réalisable grâce à la diminution du service de la dette publique et du déficit budgétaire.
Le gouvernement Hoss avait adopté un projet réglementant la privatisation Il revient au Parlement, qui a voté une loi de privatisation en août 2000, de contrôler la bonne application de ce projet ambitieux afin de réaliser les avantages susmentionnés.

Mot-clef : la transparence

Les critères de réussite reposent sur plusieurs points :
• Garantir la transparence des opérations et la non-ingérence des intérêts privés.
• Éviter d’entreprendre toute vente ou négociation avec un interlocuteur unique, préalablement à l’appel d’offres, et ceci afin que l’expérience de Télé-Liban ne se reproduise.
• Effectuer la privatisation dans un cadre concurrentiel avec un appel d’offres ouvert et un cahier des charges définissant clairement les critères du futur opérateur. Ce dernier devrait être un investisseur stratégique, doté de moyens technologiques et financiers, fort de ses capacités de gérance et capable de garantir des opportunités d’emploi.
• Autoriser l’opérateur à lister, ultérieurement, un pourcentage d’actions à la Bourse de Beyrouth ou ailleurs afin de les revaloriser. Il est également possible de proposer une partie des actions aux employés et à la direction du secteur privatisé à des prix préférentiels.
• Élaborer un cadre législatif et réglementaire garantissant les droits des citoyens et visant à créer un marché pleinement concurrentiel.
• Créer des autorités de régulation indépendantes des opérateurs privés et du pouvoir politique.
• Mettre au point une politique de privatisation et de libéralisation propre à chaque secteur.
• Définir la part de responsabilité de l’État et des opérateurs qui s’engagent à garantir au consommateur un “service universel”, avec des tarifs étudiés en fonction des conditions de vie des régions périphériques et des couches sociales défavorisées.
Vu l’importance que représente le secteur des télécommunications pour l’économie libanaise et pour toute société moderne et son aptitude à être aisément privatisé, nous proposons de le placer en tête de liste des secteurs à privatiser et libéraliser. D’ailleurs, de nombreux pays voisins arabes ont déjà privatisé ce secteur ou sont en voie de le faire, y compris dans le Golfe.
Le but principal de la privatisation des télécommunications est de rendre le Liban compétitif au niveau régional dans le domaine des affaires. Un autre objectif serait d’encourager les investissements privés et de développer ce qu’on appelle la “nouvelle économie”. Il est à noter que 50 % des revenus des opérations de privatisation effectuées dans le monde proviennent du secteur des télécommunications.
J’évoque, à cet égard, l’exemple de Dubaï qui vient d’inaugurer “Dubaï Internet City”, un marché ouvert à des sociétés détenues à 100 % par des capitaux étrangers.
En définitive, il est important de signaler que tout retard dans la privatisation du téléphone fixe aura pour effet de diminuer sa valeur, vu l’évolution rapide des technologies de cellulaire.
En outre, 500 000 lignes du téléphone fixe n’ont pas encore été vendues, ce qui réduira également la valeur marchande de ce réseau. Si le ministère concerné s’emploie à vendre aux citoyens le restant des lignes fixes en contrepartie d’un abonnement mensuel limité à 20 000 LL, il réalisera un gain supplémentaire annuel de 84 millions de dollars, équivalant à l’ensemble des recettes provenant de l’impôt sur le revenu.
Il est de même notoirement admis que l’État est incapable de redresser ce secteur d’une manière productive et efficace.
L’attente dans ce cas priverait le citoyen des bienfaits de la privatisation et de la libéralisation du secteur des télécommunications dont les revenus pourraient atteindre, en 4 ans, 8 milliards de dollars. Il est donc urgent d’envisager la privatisation dans un contexte de compétence, d’intégrité, de sérieux et de transparence. Autrement, tout espoir de voir la situation économique s’améliorer sera perdu.