Non testés sur les animaux, végétariens, parfois vegans, sans packaging ou additifs inutiles…Lush commercialise des cosmétiques éthiques. La co-fondatrice de la marque anglaise, Rowena Bird, était de passage à Beyrouth en juin pour renforcer sa collaboration avec des associations et des producteurs libanais. Interview.

Est-il possible de privilégier l’éthique quand on est une société internationale ?

Jusqu’à il y a peu, la crainte du « greenwashing » (NDRL : procédé de marketing ou de relations publiques utilisé par les organisations pour se donner une image écologique responsable) retenait les marques d'afficher leurs engagements sociétal et environnemental. Mais le numérique et les « millennials » changent la donne ; c’est désormais tendance. Pour nous, c’est différent : l'engagement pour des causes environnementales et sociétales est à l'origine même de notre création. Ainsi, Lush n'a jamais testé ses produits sur animaux et a pratiquement banni l'utilisation de composants d'origine animale.  On multiplie aussi les « produits-partage » comme le Charity pot, une crème de beauté, dont l’intégralité des recettes (sauf la TVA) sont reversées à des associations qui militent pour la défense des animaux, les droits de l'Homme ou la protection de l'environnement. Jusqu’à ce jour, ce produit a levé plus de 20 millions de dollars. A travers ce fonds, nous aidons la Société de protection de la Nature (SPLN) à aménager son jardin des papillons à Kherbet Qanafar (Békaa). Pour cette association, ce jardin est un outil de sensibilisation à la protection de la nature.  Nous collaborons de même avec l’association SOILS, dédiée au développement de la permaculture au Liban, sur un projet de centre éducatif autour du monde des abeilles.

Mais la vocation d’une marque est-elle de créer le « changement dans ce monde » ?

A chaque fois que nous pénétrons sur un nouveau marché, nous nous interrogeons sur l’impact que nous pourrions avoir. L’une de nos priorités, c’est la chaîne des fournisseurs locaux. Nos partenaires s’engagent à prohiber, entre autres, le travail des enfants. C’est un prérequis sur lequel nous ne transigeons pas. Au Liban, nous avons commencé à travailler avec un producteur d’huile d’olive "bio", Bioland,à Batroun. Jusqu’alors nous n’avions qu’un seul fournisseur pour toutes nos productions, mais il était logique de vouloir diversifier notre approvisionnement. Avec Bioland, il s’agit d’un échange d’informations et d’expertises. Sur les 100 tonnes d’huile d’olive que cet oléiculteur a produit en 2017, Lush en a acheté deux. Nous devrions augmenter notre collaboration dans le futur.

Vous êtes partie à la rencontre de réfugiés. Avez-vous des projets dans ces communautés ?

En Irak, nous travaillons avec une ONG Lemon Tree Trust, qui expérimente la création d’un jardin de roses dans les camps de réfugiés. Ce choix n’a rien de farfelu : nous discutions avec des réfugiés sur la manière de les aider. Nous pensions alors leur procurer des semences pour la création de potagers. L’idée des fleurs est venue d’eux :  cela leur rappelait leur maison, leur région.  Au Liban, nous envisageons de travailler avec eux autour des plantes et des herbes médicinales. Parfois, il s’agit simplement de les aider à devenir nos fournisseurs ; parfois c’est autre chose. Nous ne cherchons pas à avoir nécessairement une « rétribution ».


17 % de croissance au Liban
La marque de cosmétiques anglaise, fondée en 1995, compte quatre magasins au Liban : le premier installé en 2012 dans le centre commercial des Souks de Beyrouth ; les autres dans les centres commerciaux ABC. Toujours indépendante,  la marque s’appuie sur un réseau de 935 enseignes dans 45 pays dans le monde. Lush ne révèle pas son chiffre d’affaires au Liban mais évoque une croissance de 300 %  entre 2012 et 2017 et de 17 % pour la seule année 2017.