Le PDG de l’agence de voyages Nakhal revient sur les mésaventures de la compagnie aérienne charter du groupe. 

Nakhal voyait grand pour cet été. L’agence de voyages, qui affirme avoir servi entre 60 000 et 70 000 clients en 2017, comptait affréter cinq avions pour desservir des dizaines de destinations. Des vols opérés sous la bannière de Wings of Lebanon – une compagnie aérienne charter achetée à la famille Hage en avril 2017 pour un montant non communiqué – qui lui permettent « de proposer des départs depuis Beyrouth à des heures convenables, tout en s’alignant aux horaires de check-in et de check-out des hôtels afin d’éviter de longues attentes aux clients », explique son PDG, Élie Nakhal.

Pour avoir une « plus grande liberté d’action et offrir un service de qualité », le groupe a décidé en mai dernier de louer un deuxième Boeing sur six ans, un 737-700 NG, en plus du Boeing 737-300 historique de la compagnie. À part ses deux appareils, opérés à l’année, Wings of Lebanon comptait recourir aussi au “wet leasing” : la location à court terme, auprès d’autres compagnies aériennes, d’appareils avec équipage, assurance et entretien pour assurer des vols saisonniers. Trois avions loués sur ce mode devaient ainsi porter la flotte totale de Wings of Lebanon à cinq cet été.

Mais tout ne s’est pas passé comme prévu. Alors que la société s’apprêtait à célébrer fin juin le vol inaugural de son nouvel appareil lors d’un voyage de presse en Turquie, auquel Le Commerce du Levant a participé, Wings of Lebanon subit un premier revers.

Interdiction de vol vers l'UE

Ses deux avions sont interdits de vol à destination des pays de l’Union européenne (UE) par l’agence européenne de la sécurité aérienne (EASA). « L’EASA a jugé que notre équipage n’avait pas toutes les qualifications requises, et que la maintenance de nos avions ne respectait pas intégralement la procédure de maintenance approuvée par l’agence. Elle nous a demandé d’apporter quelques changements, mais le délai accordé étant seulement de six jours, nous n’avons pas eu le temps de le faire », affirme Élie Nakhal, en soulignant toutefois que Wings of Lebanon « respectait tous les standards de sécurité imposés par l’Organisation internationale de l’aviation civile (ICAO) ».

En attendant la mise en conformité de ses propres appareils aux réglementations européennes, la compagnie libanaise ne peut plus compter que sur les avions loués aux autres transporteurs pour continuer à desservir les pays de l’Union européenne, qui représentent environ 30 % de ses destinations.

Mais là encore, des difficultés apparaissent. Wings of Lebanon tarde à prendre possession de l’un des trois avions, et sur les deux restants, loués auprès d’une compagnie sud-africaine, un seul possède l’autorisation TCO (Third Country Operators) lui permettant d’effectuer des voyages en Europe. Alors que le groupe prévoyait d’opérer trois avions vers l’UE cet été, il ne pourra finalement compter que sur un seul. Un appareil qui, le 12 juillet, sera contraint de rebrousser chemin en plein vol à destination de Mykonos pour un problème technique.

Suspension des vols vers Chypre

Face à ces déconvenues, le groupe Nakhal a dû prendre des mesures d’urgence, comme la suspension momentanée des vols de Wings of Lebanon vers Chypre, et replacer certains de ses clients dans des vols de la Middle East Airlines, la compagnie nationale avec laquelle il affirme entretenir « de très bonnes relations ». « Wings of Lebanon avait déjà un accord avec la MEA permettant de voyager à bord de l’une des deux compagnies à l’aller et une autre au retour à des prix réduits », souligne Élie Nakhal. Ce dernier n’a pas souhaité chiffrer le montant des coûts additionnels subis par l’agence en raison de ces déboires. « Le plus important est de continuer à assurer un service de qualité et préserver la confiance de nos clients », conclut-il.