Le marché du champignon au Liban est dominé par les champignons de Paris. Mais des initiatives, comme celle de Gourmet Mushroom, proposent de nouvelles variétés.

(Photo D.R.)

Gourmet Mushroom met les champignons exotiques sur les tables libanaises. La marque, lancée en 2015, en propose dix variétés, dont des espèces comme lenameko, un champignon japonais, ou les pleurotes roses, originaires de pays tropicaux. Pas fou, Gourmet Mushroom produit surtout des champignons de Paris.

Installé sur les hauteurs de Byblos, dans une ferme de 16 000 m2, Gourmet Mushroom a réalisé 1,5 million de dollars de chiffre d’affaires en 2018, selon Julien Khoury, associé et gérant. L’entreprise, qui compte 33 employés, cultive 40 tonnes de champignons mensuellement. Avec 36 tonnes, les champignons de Paris restent leur produit leader. « Notre production représente un tiers environ des ventes de cette variété », se félicite Julien Khoury.

Gourmet Mushroom propose aussi de la poudre de champignons. « Cela nous permet de ne pas jeter les invendus. » La société a d’ailleurs déboursé 40 000 dollars pour créer cet aromate « que l’on peut mettre dans des soupes ».

La production est certifiée bio. À l’exception des champignons de Paris, le compost biologique reste trop cher. « Cependant aucun produit chimique n’est ajouté ».

Au Liban, la production agricole est hautement dépendante de produits étrangers. « Nos coûts de production, par rapport à l’Europe, sont 2,5 fois plus élevés, car il n’existe pas d’alternatives locales à des éléments dont nous avons besoin, comme le sol sur lequel poussent nos champignons. »

La production est destinée aux professionnels. Une façon pour la marque d’être en contact direct avec le client final, mais aussi de contourner le marché de gros, saturé et très concurrentiel.

Aujourd’hui,la ferme compte quelque 500 clients. Les trois quarts sont des restaurants, des hôtels ainsi que des traiteurs. Mais les consommateurs peuvent aussi les trouver dans certaines épiceries fines. Pour eux, l’équipe a même mis en place un système de livraison à domicile sur la zone côtière (de l’aéroport à Tripoli).

Depuis 2017, Gourmet exporte dans les pays du Golfe. L’an passé, la marque a même réussi à pénétrer le marché de la Côte d’Ivoire. « Nous sommes à la recherche d’une franchise pour commercialiser notre production aux Émirats arabes unis. »

Si aujourd’hui Gourmet Mushroom est un succès, les débuts pour son fondateur n’ont pourtant pas été si faciles. En 2007, Jean Chamoun, qui a monté une ferme de champignons en Jordanie, veut reproduire son modèle au Liban. Avec quatre autres actionnaires, il investit alors 1,2 million de dollars. Mais en 2015, l’exploitation ferme. C’est alors qu’entre en jeu Julien Khoury. Il rachète la part des actionnaires minoritaires (25%) et ensemble ils réaménagent la ferme.

Désormais, pleurotes et shiitakés sont cultivés à partir de substrat de paille et de bois bio, dont les ballots s’alignent sur des étagères métalliques. « La culture en étagères est plus rentable, explique Julien Khoury. Pour une même surface au sol, nous avons trois étagères. Nous triplons donc notre rendement.-»

Ce succès, Gourmet Mushroom l’a appuyé sur une stratégie marketing : les deux associés ont parié sur la viralité des réseaux sociaux pour se faire connaître. « Nous avons envoyé des échantillons à plus de 300 blogueurs, influenceurs… qui ont cuisiné nos produits et ont posté leurs résultats en ligne. » Cela a fonctionné : la marque peut se prévaloir de près de 7 000 followers sur Instagram.

Mais le travail de marketing va plus loin. Cet été, les deux associés ont construit une cuisine pour des dégustations. Ils souhaitent même ouvrir un restaurant dans un proche avenir où, bien sûr, des recettes à base de champignon seront proposées.