Mountasser Hachem a toujours vu grand. Jeune, il rêvait de se payer son propre satellite. À défaut, l’homme d’affaires a fondé Monty Mobile, une société qui développe des outils de communications, de services ou de contenus à destination des opérateurs télécoms.

Fondée en 1998, Monty Mobile a déclaré plus de 70 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2018 et doit atteindre les 100 millions de dollars cette année. La société, qui compte plus de 700 opérateurs télécoms parmi ses clients, emploie 300 salariés et dispose de neuf bureaux de représentation dans le monde. Certains sont implantés en Europe (Royaume-Uni, Croatie, Allemagne, Belgique), d’autres à Dubaï, en Inde et même en Indonésie.

Ce succès, Monty Mobile le doit à un contexte mondial difficile pour les opérateurs de télécommunications : les applications de messagerie instantanée comme WhatsApp, Messenger, Telegram ou WeChat supplantent progressivement les appels ou les SMS pour les particuliers. Pour les opérateurs télécoms, cela signifie une baisse drastique de leur principal revenu. Dans le monde, on estime, par exemple, que les flux de SMS ont baissé de moitié entre 2014 et 2016 : en 2014, 6 000 milliards de SMS s’étaient ainsi échangés contre 3 000 milliards en 2016 (source : Union internationale des télécoms).

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C’est là qu’entre en jeu Monty Mobile. L’entreprise propose aux opérateurs des sources de financement alternatives. Monty Mobile assure ainsi des campagnes de SMS promotionnels, une catégorie cette fois en plein boom. Dans le jargon, on appelle cela des SMS A2P (notifications push et services interactifs que les marques envoient à leurs clients via une API) . On les utilise beaucoup dans le cadre de campagnes promotionnelles, d’alertes informatives ou de livraison de contenus

Monty Mobile développe également des produits publicitaires comme le programme M-Rewards, où l’utilisateur peut accepter de diffuser un message publicitaire vocal sur sa ligne, avant la sonnerie. À chaque écoute de la publicité, le propriétaire de la ligne est récompensé par son opérateur avec des offres promotionnelles ou un système de points. Le système est opérationnel dans le monde entier. 

« Les opérateurs de télécommunications se tournent de plus en plus vers de nouvelles technologies comme les objets connectés, le réseau 5G et les Smart Cities », fait valoir Mountasser Hachem. Et d’ajouter : « Ils doivent devenir des conglomérats digitaux s’ils veulent survivre. »

La fortune n’a pourtant pas toujours souri à Mountasser Hachem. Longtemps, il a dû batailler contre les préjugés des groupes internationaux, qui se voyaient mal accorder leur confiance à un entrepreneur de la région Mena. « Le marché global nous était relativement fermé. Le niveau de compétition était un vrai défi. Malgré la qualité de notre travail, beaucoup d’opérateurs, y compris dans la région Mena, préféraient passer des contrats avec des entreprises européennes », explique Hachem.

Ce qui lui a sauvé la mise ? Son expérience. Auparavant en effet, celui qui est né à Beyrouth et a longtemps vécu au Nigeria avait réussi à s’imposer sur le marché de la télévision interactive. « À l’époque, on appelait cela les “Chat TV”, des chaînes de clips et de divertissements, où défilaient des SMS payants dans un bandeau sous l’image », se souvient-il. Sa première chaîne s’appelle ETV. Viendront ensuite MC TV, ETV+, Kamar TV, Maraya TV et Derby TV… « À la fin des années 1990, cette forme de marketing était très en vogue, ajoute-t-il. Trop sans doute, le marché a fini par saturer. » Mais cette expérience de campagnes SMS va lui servir pour se repositionner sur le marché des télécommunications. Avec le succès qu’on lui connaît aujourd’hui.