Un article du Dossier

L'assurance-vie, un placement délaissé


Carl Tachdjian, directeur général de MetLife Liban : «Nous avons servi un taux moyen de 6 % les 15 dernières années»


Comment expliquez-vous la baisse de votre chiffre d'affaires en 2018 ?

La dégradation de la conjoncture économique et les taux d’intérêt élevés proposés par les banques ont encouragé certains clients à résilier leurs contrats d’assurance et retirer leur épargne, dont nos clients libanais du Golfe, qui versaient des primes importantes. Une partie des contrats arrivant à échéance n’a par ailleurs pas été remplacée par de nouvelles souscriptions, bien que celles-ci aient augmenté en 2018. Plus largement, nous avons été touchés ces dernières années par la concurrence de la bancassurance.

En quoi votre offre se distingue-t-elle des autres assureurs ?

Les produits offerts par les principaux assureurs du marché sont très similaires. Notre produit phare est le contrat mixte de protection et d’épargne à rendements variables, disponible sous trois formes selon le montant de couverture souhaité. Ces polices ont l’avantage d’être à versements flexibles et de ne comprendre que deux exclusions générales : le suicide les deux premières années et le risque de guerre – sauf en cas d’avenant. La qualité de notre service, grâce à notre force de vente compétente de 500 agents, notre stature de groupe multinational et notre présence au Liban depuis 65 ans sont par ailleurs des gages de confiance.

Quelle est votre stratégie d’investissement ?

Comme le prévoit la régulation, la moitié de nos investissements sont réalisés au Liban, dans des eurobonds et des dépôts bancaires en dollars. Le reste est placé dans des fonds internationaux, notamment aux États-Unis, en Europe et en Asie, que nous choisissons avec le client selon son appétence au risque. Nous avons servi un taux moyen de 6 % les 15 dernières années.


Bassem Assi, directeur général d’Allianz SNA : «Nous venons de lancer un nouveau produit numérique sur mesure»



Votre chiffre d’affaires en assurance-vie a chuté de plus de 3 % en 2018. Comment expliquez-vous ce résultat ?

Les primes qui impliquent un versement régulier ont augmenté de 6,5 % en 2018. Cependant, notre chiffre d’affaires global a été touché par une baisse des souscriptions aux contrats à prime unique (des contrats d'assurance-vie sur lesquels le souscripteur ne fait qu'un seul et unique versement, NDLR). La forte hausse des taux d’intérêt bancaires a rendu ce produit d’investissement à court terme moins compétitif.

Quels sont vos différents produits ?

Nous offrons des produits d’assurance-vie temporaire ainsi que des produits d’épargnes pour l’éducation et la retraite. Le client peut choisir entre un taux minimum garanti ou des rendements variables. Les assurances-vie temporaires et les plans de retraite sont également disponibles en contrat collectif. Par ailleurs, nous venons de lancer un nouveau produit numérique sur mesure, Spirale, avec un volet protection et des investissements de moyen terme et long terme pour l’éducation et la retraite. Nos produits vie sont aussi distribués via la bancassurance, dans dix banques partenaires, en plus des courtiers, des agents et de la vente directe.

Quelle est votre stratégie d’investissement des primes ?

Nous investissons principalement au Liban dans des titres à revenus fixes libellés en dollars. Nous disposons également d’un panel de fonds d’investissement internationaux et locaux, que le client peut sélectionner selon son profil de risque. Pour nos produits à rendement minimum garanti, notre stratégie nous a permis de servir un taux de 5 % en 2018 et d’annoncer cette année un taux de 5,25 %. Notre ratio de solvabilité est relativement élevé, de 170 %. Il témoigne de notre capacité à répondre à nos obligations à long terme.


Joe Talj, directeur du département assurance-vie de LIA Insurance : «Nous développerons de nouveaux produits inspirés du marché sud-africain»



Quelle a été la performance de votre activité assurance-vie en 2018 ?

Nous avons enregistré la plus forte croissance du chiffre d’affaires parmi les cinq premiers assureurs-vie. Mais comme le reste du marché, nous avons été touchés par une baisse des souscriptions aux assurances liées aux prêts logement et cela a pesé sur nos résultats au premier trimestre 2019.

Fin 2018, vos deux anciens actionnaires Bank Audi et le groupe marocain Saham ont revendu la totalité de leurs parts au groupe financier sud-africain Sanlam. Quelles sont les conséquences de ce rachat ?

Il s’agit pour nous d’une valeur ajoutée. Nous devenons un groupe multinational tout en maintenant une relation privilégiée avec notre ancien actionnaire, Bank Audi, qui reste le distributeur exclusif de nos produits de bancassurance. Grâce à ce rachat, nous allons développer de nouveaux produits inspirés du marché sud-africain et adaptés au marché libanais.

Quels sont vos différents produits ?

Nous commercialisons des produits classiques d’assurance-vie temporaire, des contrats d’assurance-vie décroissante, ainsi que des produits mixtes de protection et d’épargne. Ces derniers sont à taux minimum garanti sur des cycles de cinq ans renouvelables. Nous avons servi des taux de 5 % en 2018, contre un minimum garanti de 4,5 %. Ces rendements sont le fruit d’investissements diversifiés, notamment dans des dépôts bancaires en dollars au Liban. Depuis la crise financière de 2008, nous n’investissons plus sur les marchés boursiers.


Carla Abdo, directrice générale adjointe de ADIR Insurance : «90% de nos investissements se font dans des titres à revenus fixes»


Quelle a été la performance de votre activité assurance-vie en 2018 ?

Comme les années précédentes, nous avons enregistré une croissance supérieure à la moyenne du marché en 2018. D’après les résultats du premier trimestre 2019, la hausse des primes devrait se poursuivre cette année. Ces résultats sont très satisfaisants dans la conjoncture actuelle, marquée par la hausse des taux d’intérêt bancaires et la baisse des prêts à la consommation.

En quoi votre offre se distingue-t-elle de la concurrence ?

Notre offre comprend des produits individuels et collectifs allant de l’assurance-vie temporaire classique aux produits d’assurances-vie mixtes de protection et d’épargne. Nous proposons également des produits d’assurance-vie pour les prêts bancaires et les microcrédits. En épargne, nous avons été les premiers à adopter une politique de transparence concernant les frais, la part investie et l’épargne acquise, consultable à tout moment. Nos pénalités de rachat sont par ailleurs minimes et très limitées dans le temps, ce qui n’est pas toujours le cas sur le marché. D’autre part, la fréquence et le montant des versements sont flexibles et, pour certains produits, l’assuré peut choisir lui-même ses placements. Enfin, pour nos contrats à taux minimum garanti, le rendement a toujours été plus élevé qu’annoncé. En 2018, le taux était de 5,5 %.

Quelle est votre stratégie d’investissement ?

Nous essayons de saisir les opportunités et de diversifier notre portefeuille pour optimiser les rendements, tout en maintenant un bon niveau de liquidité. Environ 90 % de nos investissements se font dans des titres à revenus fixes, soit des obligations ou des dépôts bancaires en dollars.


Michel Fiani, directeur général adjoint de SGBL Insurance : «La gestion de notre assurance-retraite est inédite»



Quelle a été la performance de votre activité assurance-vie en 2018 ?

Nous avons enregistré de bons résultats en assurance-vie. Notre chiffre d’affaires a crû de 12 %, contre 8 % en moyenne les quatre années précédentes. Cette performance s’explique par la forte croissance des produits d'assurance liés aux prêts à la consommation, ainsi que sur une la campagne de commercialisation menée pour nos produits d’épargne et de prévoyance.

Quels produits d’assurance-vie offrez-vous ?

Nous offrons deux catégories de produits de prévoyance : le contrat “classique”, dont l’objectif est de protéger la famille ou le patrimoine, et le contrat dédié au paiement des frais scolaires ou universitaires. Nous commercialisons également deux produits d’épargne : l’un à taux minimum garanti renouvelable chaque année et l’autre plus ouvert sur l’investissement, avec des rendements variables. Enfin, nous proposons aux entreprises un produit d’épargne salariale destiné à assurer une retraite complémentaire à leurs employés.

Quelle est votre stratégie d’investissement ?

Concernant le produit à taux garanti, l’épargne est investie au Liban dans des eurobonds ou des dépôts bancaires en dollars. Le taux servi en 2019 est de 5,25 %, comme en 2018. Pour l’autre produit (dit à unités de comptes), l’épargne est investie dans des fonds adossés sur des actions ou des obligations internationales. Ces fonds sont gérés par Amundi, le premier gestionnaire de fonds européen. Le rendement moyen de ce produit sur les dix dernières années a été de 6,5 %. Enfin, la gestion de notre assurance-retraite est inédite. Elle consiste à investir sur des actifs relativement risqués les premières années, assurant une rentabilité importante à long terme, remplacés progressivement par des placements liquides, donc plus sécurisés, pour un atterrissage en douceur au moment du départ à la retraite.


Fateh Bekdache, président-directeur général d’Arope Insurance : «Notre stratégie d’investissement est alignée sur celle de Blom Bank»



Votre chiffre d’affaires en assurance-vie a chuté de plus de 6 % en 2018. Comment expliquez-vous ce résultat ?

L’arrêt des prêts immobiliers subventionnés et d’autres décisions similaires ont affecté la croissance de cette branche. La situation économique et politique du pays et son impact sur le pouvoir d’achat ont également fait reculer notre activité. Nous continuons cependant l’expansion territoriale de notre équipe d’agents spécialisés. Ils sont aujourd’hui plus de 140 répartis dans nos branches à Zalka, Verdun, Dora, Jounié, Tripoli, Zahlé, Saïda, Tyr, Chiyah et, désormais, Nabatiyé.

Quels produits proposez-vous?

Nous offrons plusieurs programmes de protection et d’épargne. “Ta3leem” est destiné à aider les parents à épargner pour l’éducation universitaire de leurs enfants et “Arope Open Life” permet d’épargner pour sa retraite. Avec ces produits, l’assuré s’offre une assurance-vie, tout en bénéficiant d’un taux de rendement minimal annuel garanti renouvelable tous les trois ans sur son épargne. Nos plans offrent une grande flexibilité avec la possibilité de retirer son épargne partiellement ou complètement, moyennant des frais variant selon la durée écoulée de la police. De plus, la prime minimale est de 50 dollars seulement.

Quelle est votre stratégie d'investissement ?

Notre stratégie d’investissement est alignée sur celle du groupe Blom Bank, auquel nous appartenons et qui garantit à notre clientèle une solidité financière à long terme. Nous réalisons la majorité de nos investissements au Liban, dans des produits tels que des dépôts bancaires, obligations et produits structurés. En dix ans, le taux annoncé en fin d’année a toujours été plus élevé que le taux minimum garanti.


Joseph Nasnas, directeur des opérations chez AXA Middle East : «Nous avons acquis plusieurs contrats de groupe»


Vous affichez l’une des plus fortes croissances du chiffre d’affaires du secteur en 2018, à 43 %. Comment expliquez-vous cette progression ?

Nous avons acquis plusieurs contrats de groupe relatifs à des plans de retraite. Ces entreprises ont décidé de changer d’assureur et ont transféré leur encours, ce qui a augmenté le volume des primes, même si les marges sur ces contrats sont limitées.

En revanche, nous avons enregistré moins de nouvelles souscriptions que les années précédentes et davantage de rachats, notamment sur les produits d’épargne et les produits de protection liés à des emprunts bancaires.

Quels types de produits proposez-vous ?

Nous avons plusieurs types de produits. Certains sont entièrement dédiés à la protection, en cas de décès ou d’invalidité. D’autres, dits “à fonds récupérables”, allient une garantie de protection et une partie épargne. Ces produits peuvent être émis en dollars ou en euros. Leur rentabilité dépend du profil de risque souhaité par le client. En effet, nous proposons des supports d’investissements à taux minimum garanti et des supports en unité de compte.

En quoi se distinguent-ils de la concurrence ?

Nos produits sont similaires avec ceux qui se trouvent sur le marché. Notre plus-value réside dans notre expérience-client, la solidité de l’entreprise sur le long terme, nos prix avantageux et le nombre réduit d’exclusions. Ces dernières, clairement annoncées, sont au nombre de quatre, dont le risque de guerre et de terrorisme que l’assuré peut choisir de racheter. De plus, les sommes que nous pouvons assurer sont élevées.


Anthony Khawam, président-directeur général adjoint de Sécurité Assurance : «Nous proposons désormais trois catégories de produits d’épargne»




Quelle a été la performance de votre activité assurance-vie en 2018?

Nous sommes satisfaits de notre performance pour l’année 2018. Nos services sont appréciés de nos clients, comme en témoigne notre taux de recommandation net de XX %, d’après nos sondages auprès de notre clientèle. Nos primes d’assurance-vie ont enregistré une légère croissance en 2018. Cette activité représente cependant encore une part minoritaire de notre chiffre d’affaires global.

Pourquoi avez-vous décidé cette année de lancer, pour la première fois, des produits d’épargne ?

Le marché de l’épargne est beaucoup plus attractif en termes de rentabilité. La commercialisation de ces nouveaux produits, qui viennent compléter notre offre de protection, devrait donner un coup d’accélérateur à la croissance de notre branche assurance-vie.

Quels sont ces nouveaux produits ?

En plus de nos produits classiques d’assurance-vie temporaire décès ou invalidité, nous proposons désormais trois catégories de produits d’épargne. Les deux premières sont destinées à la retraite et au paiement des frais de scolarité. Elles sont assorties d’un taux minimum garanti de 4,25 % les dix premières années et de 3 % les années suivantes. La troisième catégorie se situe à mi-chemin entre le produit de protection et le produit d’épargne. Elle permet à l’assuré de recouvrir l’intégralité des primes versées au terme du contrat.


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