En 2018, les marchés boursiers avaient terminé l’année sur une forte baisse, affectés par « les résultats mitigés des entreprises et les préoccupations géopolitiques, notamment au sujet de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine », rappelle le directeur de la banque privée de la BlomInvest Bank, Rami Sayegh. La hausse des taux directeurs américains à la veille des fêtes de fin d’année, le 19 décembre (la neuvième en trois ans), avait plombé un peu plus les marchés. Mais la tendance s’est inversée après l’annonce par la Banque centrale américaine, le 30 janvier, d’une pause dans la hausse des taux, voire même une baisse courant 2019. Depuis, la multiplication des discours du président de la Fed, Jerome Powell, allant dans le sens d’une prochaine baisse des taux, stimule les marchés. L’indice MSCI World a ainsi augmenté de 15,5 % au premier semestre, alors qu’il avait perdu 10,3 % en 2018.

Ce sont les indices boursiers américains qui bénéficient le plus de l’attitude accommodante de la Réserve fédérale. Le Dow Jones a ainsi gagné 14,4 % au premier semestre et le Nasdaq 22,1 %. L’indice S&P 500 s’est, lui, renchérit de 18,1 % sur cette période. Dans la foulée des propos du président de la Fed – qui avait sous-entendu le 10 juillet une baisse imminente des taux –, ces indices ont tous atteint des records. À l’heure de passer sous presse, les taux étaient encore inchangés, mais la baisse des taux était déjà prise en compte par les investisseurs. « Environ 80 à 90 % de ses effets sont déjà visibles sur les marchés. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y aura aucune réaction lorsqu’elle sera mise en œuvre », explique Toufic Aouad, directeur général de Audi Private Bank. Malgré sa position globalement favorable à l’égard des actions américaines pour le reste de l’année, la banque JP Morgan prévient toutefois que « les incertitudes liées aux tensions commerciales représentent la menace la plus importante » sur l’évolution des cours. « Les tarifs imposés pèsent déjà sur les profits des entreprises » et celles-ci devraient, par conséquent, revoir leurs prévisions de croissance à la baisse, estime la banque. En tenant compte de cette incertitude, Toufic Aouad recommande d’investir dans « les secteurs des technologies médicales, de l’oncologie, de la 5G, du Cloud Computing, du développement de logiciels, des technologies de systèmes de paiement et de la cybersécurité », tout en faisant « attention à la qualité des bilans financiers des entreprises ».

Sur les marchés européens, les performances depuis le début de l’année sont, elles aussi, à la hausse. L’indice Euro Stoxx 50 a gagné 17 % au premier semestre, après un quatrième trimestre 2018 catastrophique suite aux menaces de guerre commerciale. S’inscrivant dans cette tendance positive, les indices CAC 40 et DAX ont respectivement gagné 18,7 % et 18,3 % lors des six premiers mois. La directrice de conseil en investissement et gestion de portefeuille à Saradar Bank, Nelly Ghazal, relève des opportunités intéressantes dans les actions “blue chip” et celles de certaines banques européennes qui versent de hauts dividendes. Mais cette performance est menacée par l’incertitude liée à la situation britannique. « Le Brexit devrait rester sous les feux de la rampe », prévient Rami Sayegh, alors que certains craignent un “hard Brexit” qui serait néfaste aux relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. 

En Asie, l’indice japonais Nikkei 225 a suivi la tendance des autres pays développés, enregistrant une plus-value de 11,1 % lors du premier semestre.

Sur les marchés émergents, en Chine, « l’amélioration de l’environnement réglementaire dans des sous-secteurs-clés, comme les télécommunications, les jeux ou le e-commerce et les mesures de soutien à la croissance annoncées par le gouvernement, ont dopé les indices boursiers depuis le début de l’année », explique Rami Sayegh. L’indice Shanghai Composite a ainsi enregistré une hausse de 23,5 % au premier semestre.

Le directeur de la banque privée de la BlomInvest Bank relève également les performances des indices russe et brésilien, en hausse de 17,9 % et 11,3 % respectivement depuis le début de l’année. Mais la hausse de ces trois indices « pourrait prendre fin à tout moment cette année », surtout si les pays sont affectés « par un marasme du secteur manufacturier ». 

Sur le plan régional, les marchés arabes ont profité d’une forte reprise du prix du pétrole sur l’année 2018. Nelly Ghazal rappelle que la hausse de l’indice boursier saoudien (Tadawul All Share) de 12 % a été portée aussi par son intégration à l’indice MSCI Emerging Markets. L’indice du Koweït pourrait, lui aussi, être prochainement « intégré à l’indice MSCI Emerging Markets, renforçant le rendement des actions de ce marché », ajoute-t-elle. Néanmoins, « même si la situation économique semble s’améliorer dans plusieurs pays de la région, les performances des marchés boursiers pourraient être affectées par les tensions politiques », prévient Rami Sayegh.