A peine quatre mois après son inauguration, en avril, Citerne Beirut est contraint de faire ses valises avant le début de sa saison artistique 2019-2020. Le gouvernorat de Beyrouth n’a pas souhaité renouveler le permis d’exploitation du centre culturel à partir de septembre, date à laquelle devait reprendre sa programmation après la trêve estivale.

En cause, la non-conformité du centre avec les demandes du gouvernorat qui réclamait, d’après les principaux intéressés, que soit effectuée une demande de permis de construire. Or, «il nous aurait fallu pour cela débourser plus de 150 000 dollars, un investissement considérable pour une structure amovible et un contrat de location expirant dans quelques mois», explique Omar Rajeh, chorégraphe et président de la compagnie de danse Maqamat, à qui appartient le centre culturel.

Le contrat de location du terrain, situé entre Bourj Hammoud et Mar Mikhael et appartenant au Forum de Beyrouth, devait en effet prendre fin en avril 2020, suite à quoi Maqamat prévoyait de démonter la structure métallique accueillant le centre pour la remonter sur un nouveau terrain.

«Le mohafez Ziad Chbib a dans un premier temps refusé de renouveler notre permis, qui expirait le 31 juillet», raconte Omar Rajeh. «Après négociations, nous avons obtenu une extension de deux mois, mais cela n’avait aucun intérêt car notre programmation ne reprend qu’en octobre. » «Nous aurions souhaité que le mohafez nous soutienne davantage, en nous autorisant à rester au moins jusqu’à la fin de l’année», regrette Omar Rajeh.

La décision du gouverneur n’est toutefois pas liée à un projet de construction d’un incinérateur sur le terrain, comme pouvait le laisser penser un message posté mercredi sur les réseaux sociaux par Citerne Beirut. «C’était une façon imagée de s’exprimer», rectifie-t-il.

Ce départ précipité accule financièrement Maqamat qui comptait notamment sur l’accueil de deux évènements culturels à la rentrée – le Creative Industry Summit, et un sommet régional pour la jeunesse organisé par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) – pour renflouer ses caisses déficitaires.

En effet, l’achat et l’aménagement de la structure hébergeant Citerne Beirut ont coûté plus d’un million de dollars à Maqamat. En dépit de ses revenus tirés de ses tournées à l’international et des aides de plusieurs donateurs, quelque 150.000 dollars restaient encore à rembourser en avril.

L’accueil d’évènements culturels extérieurs est donc indispensable à Citerne Beirut pour pouvoir financer ses propres évènements.

Le centre dédié aux arts de la scène ne rouvrira a priori pas ses portes avant septembre 2020, le temps de trouver un nouveau terrain et de s’y installer, «cette fois pour du long terme», espère Omar Rajeh. «Nous envisageons actuellement différents lieux, pas forcément à Beyrouth», conclut-il.