C’est une très belle année pour les musulmans du Liban. Si l’on en croit l’ambassadeur saoudien au Liban, ils ont en effet obtenu 18 500 visas “spécial hajj” cette année. En 2018, seuls 12 500 avaient été accordés, ce qui représente un boom de 48 % du nombre de visas consentis.

Cette augmentation n’est certes pas propre au pays du Cèdre : d’une manière générale, l’Arabie saoudite a accueilli 5 % de pèlerins en plus en 2019, soit près de 2,5 millions de musulmans, dont 1,8 million d’étrangers, d’après l’Autorité générale des statistiques du royaume.

Néanmoins, cette hausse est particulièrement élevée dans le cas du Liban. En effet, des pays comme l’Indonésie, l’Algérie et le Sri Lanka, où le nombre de musulmans est bien plus important, n’ont connu que des hausses légères : respectivement 4,5 % (231 000 places), 1,3 % (36 800) et 2,2 % (4 000).

La quote-part libanaise inclut, il est vrai, les Syriens et les Palestiniens résidents au Liban. Riyad a ainsi consenti à l’octroi de visas à quelque 6 000 Syriens et 1 500 Palestiniens du Liban. Les Libanais ont donc obtenu 10 000 places, soit malgré tout une augmentation de 42,8 % par rapport à 2018.

Parmi eux, quelque 5 000 ont obtenu des visas gratuits sur les quotas que l’Arabie saoudite réserve aux hommes politiques de différentes confessions, selon un responsable de l’Agence saoudo-libanaise pour le hajj, l’une des principales agences spécialisées dans le tourisme religieux, ayant requis l’anonymat.

Les 5 000 autres Libanais sont passés par la cinquantaine d’agences de voyages spécialisées que compte le pays. Leurs demandes ont alors été traitées dans le cadre d’une loterie organisée par le Comité des affaires du hajj et de la omra, affiliée à la présidence du Conseil des ministres libanais pour les Libanais et les Palestiniens résidents au Liban (les demandes des Syriens étant gérées par une organisation à part).

Ces agences offrent des séjours tout compris dont le prix peut aller de 3 000 à 10 000 dollars, selon le niveau de confort des hôtels et la durée du séjour.

Pour faire face à l’augmentation du nombre de départs depuis le Liban, la Middle East Airlines a affrété pas moins de 125 vols de Beyrouth vers Djeddah et Médine. En plus des 26 liaisons habituelles, 99 supplémentaires ont ainsi été rajoutées. À titre de comparaison, seuls 70 vols avaient été assurés l’année dernière. La compagnie a même dû louer un avion de la Qatar Airways afin de continuer à assurer des liaisons vers d’autres destinations.

Pour le royaume saoudien, l’augmentation du nombre de touristes religieux, un secteur qui représente aujourd’hui sa deuxième source de revenus après le pétrole, s’inscrit dans sa Vision 2030. Lancé en 2016 par le prince héritier Mohammad ben Salmane (dit MBS), ce plan stratégique prévoit en particulier de faire passer le nombre de pèlerins étrangers de 9 à 30 millions d’ici à 2030, hajj et omra (le “petit” pèlerinage, non obligatoire, et réalisable tout au long de l’année) confondus.

Pour y parvenir, l’Arabie saoudite a entamé d’immenses travaux d’amélioration de ses structures d’hébergement. Plusieurs hôtels de luxe et d’immenses buildings ont ainsi vu le jour ainsi qu’une ligne de train à grande vitesse La Mecque-Médine, les deux villes saintes, inaugurée en 2018.