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«Le Liban dispose des deux formes de Chloroquine», rassure Karine Labaky, PDG de Sanofi Liban, dont la société les commercialise sous le nom de Nivaquine (chloroquine) et de Plaquenil (hydroxychloroquine). Selon des informations recueillies auprès des autorités sanitaires, Sanofi a offert au Liban de quoi traiter 60 000 patients. Un premier lot a déjà été réceptionné et stocké dans le centre de la Quarantaine. «Sanofi reste solidaire des autorités et continuera à les soutenir dans leurs efforts», ajoute celle qui a pris ses fonctions en 2018.

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Si la disponibilité de ces deux molécules s’avère si importante, c’est que la chloroquine et l’hydroxychloroquine pourraient permettre de traiter les individus contaminés par le coronavirus Covid-19. Des essais cliniques, menés notamment en Chine et en France - spécialement l’étude du Professeur Didier Raoult, patron de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection de Marseille - ont donné de premiers résultats positifs, quant à l’amélioration des symptômes liés au COVID-19 voire à la disparition du virus dans le corps du patient traité.

Etudes prometteuses.. Mais controversées

«L’activité antivirale de la chloroquine et de ces analogues a été décrite dans plusieurs études in vitro. Cette activité antivirale se manifesterait par le changement de l’acidité (pH) intracellulaire des cellules infectées par le virus, ce qui diminuerait la réplication virale, et donc la charge virale. La chloroquine aurait aussi un effet anti-inflammatoire qui pourrait avoir un bénéfice additionnel», fait valoir Karine Labaky.

C’est par ailleurs un produit qui ne coûte pas cher à produire. Ce qui signifie que, si les études cliniques qui ont lieu actuellement, en particulier celle mise en œuvre par l’Organisation mondiale de la Santé, confirment ces premiers espoirs, tout patient gravement ou sévèrement atteint devrait y accéder au Liban. Toutefois, la directrice générale de Sanofi Liban prévient : «Jusqu’à présent, ces molécules demeurent une indication non approuvée.»

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En attendant, le ministère de la Santé a décidé d’initier, en partenariat avec les centres universitaires hospitaliers, la mise en œuvre d’un protocole thérapeutique identique à ceux pratiqués aux Etats-Unis et en Europe. Ce qui signifie que des patients libanais pourraient être traités à la chloroquine ou à ses dérivés pour lutter contre la maladie.

Cela n’a pas empêché les pharmacies de ville d’être prises d’assaut pour en obtenir  au point de pousser le ministère à ordonner que ces médicaments soient désormais uniquement disponibles sur prescription médicale. «La chloroquine ne doit être utilisée que sous prescription médicale et n’a pas d’indication pour le traitement des patients souffrant de COVID-19. A ce jour, tout usage de la chloroquine doit être fait sous protocole médical, dans un centre hospitalier, et sous contrôle des autorités de santé», insiste-t-elle.

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Ce premier stock devrait normalement suffire à traiter la première vague de  l'épidémie. Par la suite, Le Liban pourrait éventuellement compter sur un fabricant local :  Benta Pharma Industries (BPI) a  déposé une demande d'accréditation auprès des autorités sanitaires du pays pour produire des médicaments à base de chloroquine et de ses dérivés. La mise en place du protocole de fabrication pourrait cependant mettre plusieurs mois, selon nos informations.

Quant à l’Azithromycine, un antibiotique spécifique au pneumocoque, que le professeur marseillais Didier Raoult a utilisé en complément de l'hydroxychloroquine dans son essai clinique, le groupe Algorithm le produit déjà sous sa forme générique et devrait très vite pouvoir servir le marché libanais si, encore une fois, les premiers essais se confirmaient.