La startup co-fondée par Julien Mardas, Buster AI, est classée parmi les 100 start-up françaises où investir en 2020 par le magazine Challenge
La startup co-fondée par Julien Mardas, Buster AI, est classée parmi les 100 start-up françaises où investir en 2020 par le magazine Challenge

À 32 ans, l’entrepreneur franco-libanais Julien Mardas s’est attaqué à une problématique on ne peut plus actuelle : comment lutter contre la désinformation ? La réponse est venue avec Buster AI, une start-up qu’il a cofondée à Paris. Classée parmi les 100 start-up françaises où investir en 2020 par le magazine Challenge, Buster AI permet d’identifier les infox (fake news) dans les vidéos, photographies et textes grâce à des algorithmes d'intelligence artificielle (IA).

« L’information peut être une arme de destruction massive. Notre objectif est qu’elle puisse au contraire être vecteur d’éducation et de développement économique », affirme cet ingénieur, diplômé de l’École centrale Supélec et de l’Essec, qui n’hésite pas à faire appel à son vécu. « En grandissant en France, j’ai constaté combien les gens avaient des idées fausses sur le Liban, et j’ai pris conscience très tôt de l’impact de l’information sur la réputation d’un pays et son économie », explique-t-il.

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Julien Mardas n’a pas débarqué dans la french Tech par hasard, la passion de l’informatique est chez lui héréditaire. Né en France de parents libanais, c’est son père, lui-même docteur en informatique de l’université Pierre-et-Marie-Curie (Paris), qui la lui transmet.

Il a à peine 7 ans quand il s’initie au codage informatique, sur « une vieille machine, très basique », se souvient-il, bien avant que ça ne devienne la mode chez les écoliers. À 18 ans, il crée son premier jeu d’IA. « C’était mon premier contact avec l’intelligence artificielle. » Et ce ne sera pas le dernier.

En 2005, son diplôme d’ingénierie en poche, il se passionne pour les mathématiques appliquées à l’informatique et l’IA. Véritable touche-à-tout, il travaille dans des domaines aussi variés que les télécommunications, la finance ou encore la publicité. Il sera aussi consultant pour de grands groupes comme la Société générale ou la RATP.

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Fin 2018, il quitte son poste de lead data analyst au sein d’une start-up avec l’envie de se lancer à son compte. La thématique de la désinformation s’impose alors naturellement à lui. « Les risques liés à la désinformation apparaissaient de plus en plus clairement, dans la foulée des scandales répétés, comme celui de Cambridge Analytica », explique-t-il.

D’autant qu’à l’ère des réseaux sociaux, le phénomène prend d’énormes proportions. « Une fake news circule six fois vite sur Twitter qu’une information avérée », souligne-t-il. Dans le flux vertigineux d’information produit quotidiennement sur internet, la vérification humaine est mise à rude épreuve, d’où l’idée de Buster AI qui, grâce à l’intelligence artificielle, permet de confirmer ou d’infirmer une information rapidement en se basant sur un catalogue de faits scientifiques construit par la start-up. Ces masses de données gigantesques, qui incluent, entre autres, des notes de recherche ou des comptes sur les réseaux sociaux jugés fiables, sont mises à jour en temps réel. Les algorithmes mis au point pour les vidéos se basent, eux, sur la détection des mouvements du visage et des lèvres, afin de déterminer de potentielles altérations.

Le jeune entrepreneur se lance dans l’aventure avec des fonds propres et un prêt auprès de la BpiFrance, avant d’être rejoint fin mars 2019 par son associé Aurélien Cluzeau. La start-up se fait rapidement remarquer, et vient de signer un contrat avec la chaîne de télévision TF1 pour concevoir un outil de vérification des faits (fact checking). Mais si les médias sont les clients tout désignés de Buster AI, la jeune pousse vise aussi les marchés financiers et gouvernements, afin de les appuyer dans la décision grâce à des informations vérifiées.

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Prochaine étape : une levée de fonds de l’ordre de deux millions d’euros pour investir dans les ressources humaines et la recherche. Et pourquoi pas, développer ses outils de fact checking en arabe, « nos algorithmes fonctionnent déjà dans plusieurs langues, et l’arabe est une option que l’on souhaite développer », affirme l’entrepreneur, qui n’a décidément pas oublié ses racines.