Le blé qui était stocké au Port de Beyrouth est désormais impropre à la consommation mais de nouvelles cargaisons pourraient rapidement être acheminées au Port de Tripoli.

« Nous nous sommes assurés que les quantités de farine sur le marché et celles qui sont en train d’être acheminées vers le Liban couvrent les besoins du pays sur une longue période. Par conséquent, il n’y aura pas de crise de farine ni de pain », a affirmé le ministre de l’Economie et du Commerce, Raoul Nehme sur twitter, au lendemain de l’explosion qui a ravagé le Port de Beyrouth, emportant avec elle les silos de blé.

« La cargaison de blé qui a été déchargée hier est désormais contaminée et considérée comme impropre à la consommation, y compris pour le fourrage du bétail. Mais un autre navire dont la cale n’avait pas encore été ouverte est en route vers le Port de Tripoli ou des tests seront effectués », a expliqué au Commerce du Levant le propriétaire des moulins Dora flour mills, Arslan Sinno, a l’issue d’une réunion au ministère de l’Economie. Selon lui, des navires en rade pourraient également arriver dans les prochains jours pour couvrir les besoins du pays sur deux ou trois mois. « A condition que la Banque du Liban ouvre immédiatement des lignes de crédits nécessaires pour les payer » a-t-il ajouté en indiquant qu’une réunion est prévue à la banque centrale pour accélérer le processus.

Depuis plus d’un an, la BDL subventionne les importations de blé en fournissant 85% du montant de la marchandise au taux de 1500 livres le dollar, tandis que les 15% sont financés au taux du marché noir, qui se situe autour de 8000 livres. Or le prix du pain fixé par l’Etat ne couvre par les dépenses encourues, selon les minotiers qui affirment perdre 300.000 livres sur chaque tonne de farine produite, et dont les stocks sont au plus bas. « A l’heure actuelle, j’ai des stocks suffisants pour deux ou trois jours, affirme le directeur de Dora Flour mills. Mais si la BDL débloque les financements et que les navires arrivent rapidement, il n’y aura pas de problèmes. Si les gens se ruent sur le pain par panique, ils pourraient provoquer une pénurie, mais la crise se résorbera en quelques jours ». D’autant que le ministère a promis de déployer les forces de sécurité pour empêcher la contrebande et veiller à ce que la farine subventionnée soit livrée directement aux boulangeries.

Le Port de Tripoli étant la seule alternative pour le moment, les coûts de transports devraient toutefois augmenter, prévient Arselane Sinno, en indiquant que des déchargements pourraient aussi avoir lieu au port de Saïda ou Jiyé si des autorisions spéciales sont octroyées. « A court terme, il n’y a pas de raison de s’inquiéter, répète-t-il, en soulignant que certains minotiers basés à Dora et à la Corniche du fleuve ont subi des dégâts matériels mais devraient pouvoir reprendre le travail au plus tard dans quelques jours. « En revanche, le problème va se poser à moyen et long terme, et pas que pour le blé. Sans une aide internationale, la BDL pourra-t-elle continuer à fournir des devises pour importer les produits de base, et les matériaux nécessaires pour reconstruire les bâtiments endommagés ? » s’interroge-t-il.