Les collectionneurs des grands noms de la peinture libanaise peuvent désormais estimer
précisément leur valeur. Parole de Sotheby’s.

Au début du mois de mai, la grande maison londonienne de ventes d’objets d’art a, pour la première fois depuis longtemps, organisé des enchères autour de ce qu’elle a appelé “l’art islamique”. En fait, les quatre experts de Sotheby’s, et notamment Mme Mehreen Rizvi Khursheed, spécialiste de l’art du Moyen-Orient au XXe siècle, ont laissé une large place à l’art pictural du Levant (Égypte, Syrie, Liban, Irak et Turquie). L’importance de cet événement tient dans le fait que pour la première fois des artistes régionaux ont été confrontés aux feux d’une cotation officialisée et répertoriée en Occident. Lors de cette épreuve, les artistes libanais ont tenu les prix du marché libanais, alors que certains peintres syriens (comme Louai Kayyali) ont vu la valeur de leurs œuvres s’envoler.
Ainsi, quelque 27 artistes ont été représentés par deux cents de leurs œuvres. En guise d’introduction au catalogue, la princesse Wijdan Ali, présidente de la “Royal Society of Fine Arts” de Jordanie, a dressé un éloge de cette peinture dont elle reconnaît elle-même la profonde originalité et la maturité. Il faut souligner que tous les pionniers de l’art contemporain et moderne de la région ont compté lors de cette vente : Daoud Corm, César Gemayel, Moustapha Farrouk, Omar Onsi, Saliba Douhaihy, Marie Hadad, Farid Awad, pour le Liban ; Michel Kurche, Nasseer Shoura, Mahmoud Hammad, Adham Ismaïl, Louai Kayyali et Fateh Moudarès, pour la Syrie. S’agissant des plus jeunes peintres, étaient représentés Paul Guiragossian, Chafic Abboud, Louai Kayyali et Élias Zayyat.
La peinture irakienne des vingt dernières années était aussi à l’honneur avec Atta Sabri, Faik Hassan, Hafiz al-Drubi et d’autres. Ramsis Younan, Adnan Henein et Salah Taher ont aussi, dignement, représenté la peinture d’avant-garde de l’Égypte. Enfin, une seule artiste originaire de Turquie, Fahrelnissa Zeid, devenue jordanienne, bien que présentée à la vente, n’a pas connu son heure de gloire.
En réalité, si beaucoup de tableaux ont été appréciés par le public présent à Londres ce jour-là, quelque 30 % des œuvres mises en vente ont été “ravalées” (entendre par là non vendues).
Une belle performance pour la plupart des artistes, encore trop méconnus du public occidental. Et un bon début qui devrait être étoffé par la présence renforcée de galeries de la région dans les foires européennes et par les échanges d’artistes entre les galeristes des deux rives de la Méditerranée.