Avec nos bases de données approximatives, c’est un vrai tour de force que de réunir tous les professionnels
sous un même toit. Jaune en l’occurrence.

Son activité : l’édition et la publication des annuaires sur papier ainsi que des annuaires en ligne, à travers le site “Pages Jaunes” sur Internet (pagesjaunes.com.lb). Et comme il se doit, la société cherche aussi à développer une extension vers les pays voisins, «de manière à devenir un centre de gestion des annuaires de la région», nous explique Joseph Abi Khalil, directeur général de Pages Jaunes Liban. Depuis 15 mois, elle se trouve ainsi présente en Jordanie, avec des divisions qui lorgnent vers d’autres pays, comme la Syrie.
Filiale de la société française “Pages Jaunes”, qui appartient au Groupe France Télécom, la société “Pages Jaunes Liban” (anciennement Oda-Liban) est présente dans le pays depuis 1997, en partenariat avec la société libanaise “Les Journalistes associés” (dirigée par Lucien George).
“Pages Jaunes” a signé un contrat avec le ministère des Télécommunications pour l’édition et la publication de l’annuaire téléphonique du réseau fixe, aussi bien pour les pages blanches que pour les pages jaunes, pour Beyrouth et les provinces, dans les deux langues arabe et française. La société a édité à ce jour les annuaires de 4 années consécutives et elle en prépare la 5e édition. Mais comment fonctionne-t-elle dans un environnement si éloigné de la rigueur française ?
D’abord, à partir du fichier de base de tous les abonnés au téléphone, fourni par le ministère, elle opère une première distinction entre abonnés particuliers et abonnés professionnels. Les particuliers sont listés par ordre alphabétique dans les pages blanches, sans modification des déclarations de l’abonné. Pour ce qui concerne les abonnés professionnels, listés dans les pages jaunes, selon une classification par secteur d’activité et une sous-classification par ordre alphabétique, il y a nécessité d’opérer une vérification téléphonique obligatoire, durant laquelle la société s’enquiert de l’écriture exacte des noms en arabe et en français, ainsi que de l’adresse. L’un des atouts de Pages Jaunes est d’ailleurs sa force de translittération, puisqu’elle dispose d’un dictionnaire de traduction des noms de l’arabe vers le français.

Le défi de l’exhaustif

Selon Joseph Abi Khalil, les pages jaunes sont actuellement l’annuaire le plus exhaustif au Liban, puisqu’elles regroupent 85 à 90 % des sociétés existantes. Pour suivre l’évolution permanente des entreprises, l’annuaire papier est remis à jour chaque année, tandis que l’édition en ligne est revue tous les mois. «Les seules sociétés qui n’y figurent pas sont celles qui sont cachées, non identifiées, abonnées au nom d’un particulier, ou encore qui fonctionnent uniquement avec des portables», indique le directeur. Avec 580 000 lignes téléphoniques opérationnelles, le réseau compte 520 000 abonnés différents, dont 55 000 sont aujourd’hui identifiés comme professionnels.
Pages Jaunes imprime 400 000 exemplaires de l’annuaire par an. Près de 250 à 280 000 abonnés retirent leur annuaire tous les ans auprès des bureaux du ministère, alors que l’excédent est écoulé dans des salons, par une diffusion massive auprès des entreprises et des clients qui viennent les visiter. Depuis 4 ans, les annuaires continuent d’être offerts gratuitement aux abonnés.
L’unique source de revenus de la société est donc la publicité qui est placée dans les pages jaunes. En effet, tout abonné professionnel a droit à une présence gratuite dans l’annuaire, comprenant sa raison sociale, son adresse et un seul numéro de téléphone. Ceux qui souhaitent en dire davantage ont recours à la publicité, qui va du simple caractère gras de la raison sociale jusqu’aux publicités en couleur, avec des tarifs allant de 20 à 20 000 $ par publicité. «À ce jour, ce sont 4 % des abonnés qui sont annonceurs dans les pages jaunes, indique Khalil Antoun, directeur des ventes de la société. La moyenne mondiale étant de 6 à 9 % ; cela signifie que le Liban a bien su s’adapter à ce nouveau support». Le département commercial de Pages Jaunes compte une vingtaine de commerciaux, dont la tâche est de visiter régulièrement les entreprises.

Guide à l’international

Le site Internet des Pages Jaunes est également un support publicitaire. Le nombre de connexions sur le site va de 250 à 650 par jour, avec des pointes à 850 par jour. Ce sont surtout les hommes d’affaires en visite au Liban et la diaspora dans le monde qui consultent ce site, en français, en anglais, et bientôt en arabe. Un site qui offre en plus un répertoire des adresses e-mail. Récemment, les pages blanches ont été mises également sur Internet.
Si “Pages Jaunes Liban” souffre elle aussi de l’effritement actuel du marché publicitaire jusqu’à réduire ses effectifs (de 45 à 30), il n’en demeure pas moins que son bilan reste positif. En effet, «sur un marché publicitaire difficile, encombré par trop de supports, dit Joseph Abi Khalil, nous avons réussi à implanter un nouveau média, qui est devenu pour tous, depuis les petits artisans jusqu’aux grandes entreprises, un guide de référence». À voir le bottin, ce n’était une mince affaire.