Cela fait presque 4 ans que le gaz est sensé arriver au Liban. Et Total est du voyage. Mais les décideurs
semblent être sous pression.

Cinquante ans que Total est présent au Liban ; c’était bien avant que le grand groupe “fusionné” français TotalFinaElf n’ait vu le jour. Il s’agit donc d’une des plus anciennes présences françaises dans le pays.
Total-Liban s’occupe de l’importation, du stockage et de la distribution des carburants (pour le transport terrestre et aérien) et des lubrifiants. La marque est d’ailleurs le n° 1 sur le marché. Sa présence demeure solide avec une bonne activité locale, malgré quelques années difficiles passées.
Dans les années 70, Total-Liban était également actif dans la distribution du gaz naturel et liquéfié. Aujourd’hui, mis à part son activité distribution de carburants, le groupe TotalFinaElf a d’autres projets au Liban. Toutefois, l’issue de ceux-ci ne relève pas uniquement de la firme, même si celle-ci apporte l’assistance logistique.
Il s’agit de l’approvisionnement des centrales électriques en gaz naturel qui viendrait partiellement de Syrie et des champs du Golfe par bateau. Mais c’est un projet d’envergure qui est traité à partir du siège parisien du groupe. «Ce projet, vieux de trois ans, tarde cependant à se concrétiser à cause de la difficulté des autorités libanaises concernées à prendre des décisions importantes qui engagent l’avenir. Il y a comme une paralysie à ce niveau», nous indique une source proche du dossier.

L’autre gazoduc

Pour compliquer la situation, il existe des projets concurrents, notamment celui d’un gazoduc qui arriverait depuis l’Égypte en passant par la Jordanie, la Syrie, le Liban et pour, éventuellement, se terminer à Chypre. Le projet de Total couvrirait partiellement la Syrie qui possède des champs gaziers, mais celle-ci ne peut assurer la totalité des besoins du Liban. Cette partie va être probablement mise en œuvre assez rapidement. Par contre, le deuxième volet du projet proposé par Total, qui est l’approvisionnement par bateau de gaz naturel liquéfié, n’avance pas beaucoup. En effet, il s’agit d’un projet coûteux qui nécessite une forte volonté politique. «C’est une initiative qui s’inscrit dans le long terme. Or, ces projets n’ont pas vraiment le vent en poupe en ce moment», explique Dominique Thiolon, directeur général. Qui ajoute : «Il n’est pas toujours facile d’être optimiste pour la réalisation de grands projets dans la région à cause de la situation politique. Au Liban, nous avons des relations encourageantes avec les pouvoirs publics. Nous sommes face à des interlocuteurs qui nous comprennent mieux et qui sont réceptifs. Même s’ils ont leurs contraintes et leur stratégie». Une stratégie incompréhensible lorsqu’on sait que le gaz permettra une économie substantielle en argent – et en pollution.