Connus dès le XIXe siècle, ces minerais au nom bizarre, séchés du fond des mers, pourront remodeler, à terme, le marché mondial des métaux.
Sortes de “patates” brunes plus ou moins boursouflées, d’un diamètre moyen de 5 à 6 centimètres, les nodules sont composés de couches concentriques d’oxydes métalliques très riches (beaucoup plus que les minerais terrestres) en nickel, cuivre, cobalt et manganèse, tous métaux stratégiques. À mesure que se généralisaient les dragages des grands fonds, on s’est aperçu que les champs de nodules couvraient d’énormes surfaces dans les plaines abyssales des océans. L’universalité de leur répartition les a transformés, au début des années 1960, en un minerai potentiel.
On estime les gisements exploitables commercialement, à plus ou moins long terme, à 23 milliards de tonnes. Ce qui représente quand même un eldorado minier assez fascinant : 95 % des réserves terrestres de cobalt, 84 % de celles de nickel et 56 % de celles de manganèse ! On les trouve généralement entre 4 000 et 6 000 mètres de fond.
Mais il faut se rendre à l’évidence : exploiter un gisement par une moyenne de 5 000 mètres de fond constitue une épreuve difficile et coûteuse. Même s’il suffit de ramasser de gros cailloux sans avoir à creuser. Les “pays pionniers” se sont quand même battus à la tribune de l’ONU pour garder le droit d’exploiter les gisements qu’ils avaient repérés en secteur international ; une “autorité internationale” a aussi été créée, se réservant la moitié des gisements au bénéfice des pays en voie de développement. Si l’extraction, à grande échelle des champs de nodules, reviendra plus chère que sur terre, il faut aussi considérer toute la chaîne de production : il s’agit d’un minerai très riche, dont le traitement est donc meilleur marché. Son exploitation ne nécessitera pas la construction d’infrastructures de transport très lourdes, comme des voies de chemin de fer ou des routes.
Les navires minéraliers peuvent décharger directement à la plate-forme de production. Pour le nickel, le prix de revient final restera comparable, ou légèrement inférieur, à celui des minerais, après raréfaction des gisements terrestres actuels. Il y aura en plus le cobalt, le cuivre et le manganèse.
Les Américains pensent traiter 3 millions de tonnes de nodules par an, en commençant par la moitié de ce chiffre. Les quantités de métaux produits ne devraient pas poser de problèmes majeurs d’écoulement sur le marché, tout en n’entraînant que des effets mineurs sur les cours.
Une étude de l’évolution du marché des métaux a permis de sélectionner les cours les plus probables à l’horizon 2005-2010, période considérée comme pouvant être celle du démarrage à grande échelle. On a abouti aux estimations suivantes des cours mondiaux : manganèse à 0,65 $/kg, nickel à 8 $/kg, cuivre à 2,1 $/kg et cobalt à 15 $/kg. Le manganèse assurera 50 % du revenu, suivi par le nickel (32 %), le cobalt (10,5 %) et enfin le cuivre (7,5 %).
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